Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/106

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fraîchir. Allez, Gudyill, il faut les bien recevoir ; faites-leur donner ce que la tour peut fournir de provisions et de fourrage… Et, attendez, dites à ma dame de compagnie de m’apporter mon écharpe noire et mon manteau. Je descendrai moi-même pour les recevoir : on ne saurait montrer trop de respect aux gardes-du-corps du roi, dans un temps où ils font tant pour l’autorité royale. Et… entendez-vous, Gudyill ? dites à Jenny Dennison de s’apprêter à marcher devant ma nièce et moi, et que les trois femmes se tiennent derrière. Dites à ma nièce de venir tout de suite auprès de moi. »

Se trouvant habillée et escortée selon ses ordres, lady Marguerite se rendit dans la cour de la tour avec beaucoup de courtoisie et de dignité. Le sergent Bothwell salua la grave et respectable dame du manoir avec une assurance qui tenait de la légèreté et de l’insouciance des courtisans désœuvrés du temps de Charles II. Il n’avait aucune des manières gauches et grossières d’un sergent de dragons. Son langage, ainsi que son air, semblait avoir pris pour l’occasion une certaine élégance. En effet, dans le cours d’une vie aventureuse et prodigue, Bothwell avait quelquefois fréquenté une compagnie qui convenait plus à sa naissance qu’à sa situation actuelle. Sur la demande que lui fit la dame si elle pourrait lui être utile, il répondit d’un ton respectueux « qu’ayant encore quelques milles à faire ce soir, il serait fort aise qu’elle voulût bien lui permettre de laisser reposer sa troupe pendant une heure dans son château avant de se remettre en voyage. — Avec le plus grand plaisir, répondit lady Marguerite et j’espère que mes gens auront soin que ni les hommes ni les chevaux ne manquent de ce qui peut leur être nécessaire. — Nous savons parfaitement, madame, que telle a toujours été la réception faite aux serviteurs du roi dans les murs de Tillietudlem, continua Bothwell. — Nous avons fait en sorte de nous acquitter de notre devoir fidèlement et loyalement en toutes circonstances, monsieur, » répondit lady Marguerite flattée du compliment, « tant envers nos monarques qu’envers leurs serviteurs, surtout leurs fidèles soldats. Il n’y a pas long-temps, et probablement Sa Majesté le roi régnant ne l’a pas encore oublié, qu’il a lui-même honoré de sa présence mon humble séjour, monsieur le sergent, et qu’il a déjeuné dans une chambre de ce château, que ma première femme de chambre vous montrera, et que nous appelons depuis ce jour la chambre du roi. »

Pendant ce temps Bothwell avait fait mettre pied à terre à sa troupe ; il avait donné la garde des chevaux à un soldat et celle