Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/114

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sa taille et son visage, Édith prit le bras de sa suivante, et se hâta de marcher d’un pas tremblant vers la prison de Morton.

Cette prison était un petit cabinet dans l’une des tourelles ; elle ouvrait dans une galerie où la sentinelle se promenait en long et en large, car le sergent Bothwell, qui tenait scrupuleusement sa parole, et qui était peut-être touché de compassion pour la jeunesse et l’air gracieux du prisonnier, avait évité de placer la sentinelle dans son appartement. Holliday, portant sa carabine sur l’épaule, se promenait dans la galerie, se consolant de temps en temps avec un verre d’ale ; on lui avait mis un énorme flacon de cette boisson sur une table placée à l’extrémité du corridor ; il fredonnait l’air écossais si vif et si animé :

« Du gai Dundee à Saint-Johnstone
Vous escorterez ma personne. »

Jenny Dennison pria encore une fois sa maîtresse de la laisser agir comme elle le jugerait convenable.

« Je sais assez bien conduire ce soldat, dit-elle, et, tout grossier qu’il est, je saurai bien le prendre ; mais il ne faut pas que vous disiez un seul mot. »

Elle ouvrit donc la porte de la galerie au moment où la sentinelle lui tournait le dos, et continuant l’air qu’Holliday venait de fredonner, elle chanta avec un ton coquet de raillerie rustique :

Si je suivais un pauvre militaire,
De mes parents j’encourrais la colère ;
Mon jeune amant en perdrait la raison :
Un noble lord me convient davantage.
Ainsi, mon cher, je reste à la maison.
Adieu ; va-t’en, et surtout bon voyage.

« Un joli cartel, de par Jupiter, « s’écria la sentinelle en se retournant, « et deux contre un, encore ! Mais il n’est pas aisé de battre le soldat avec sa bandoulière ; » et reprenant la chanson où la jeune fille l’avait quittée :

Oui, de me suivre vous bridez ;
Vous aimeriez bien, je le gage,
Ma soupe et ma couche en partage,
Du tambour les sons redoublés ;
Et tout mon belliqueux tapage :
Me suivre est ce que vous voulez.


Allons, ma jolie fille, donnez-moi un baiser pour ma chanson.