Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des fleurs des champs, monsieur (hoquet), et des lis de la vallée.

— Des fleurs et des lis ? eh ! mon homme, de vieilles têtes comme toi et moi méritent à peine d’autres noms que ceux de vieille ciguë, de chardons flétris et de mauvaises herbes fanées. Mais il me paraît que vous vous trouvez encore digne d’être arrosé. — Je suis un vieux soldat, monsieur, j’en remercie le ciel… (hoquet.) — Un vieil échanson, voulez-vous dire, John. Mais n’importe, conduisez-moi à votre maîtresse, mon garçon. »

John Gudyill le conduisit à la salle en pierre où lady Marguerite s’agitait, surveillait, arrangeait et réformait les préparatifs qu’on faisait pour la réception du célèbre Claverhouse, que l’un des deux partis honorait et vantait comme un héros, et que l’autre exécrait comme un oppresseur sanguinaire.

« Ne vous ai-je pas déclaré, » disait lady Marguerite à sa première suivante ; « ne vous ai-je pas déclaré, Mysie, que je voulais absolument qu’en cette occasion tout fût précisément dans le même ordre que le jour mémorable où Sa très-sainte Majesté déjeuna au château de Tillietudlem ? — Sans doute, tels étaient les Ordres de Votre seigneurie, et si je me souviens bien… » répondait Mysie. Sa Seigneurie l’interrompit en lui disant : « Pourquoi donc le pâté de venaison est-il placé à gauche du trône et la bouteille de claret de l’autre, quand vous devez bien vous souvenir, Mysie, que Sa très-sainte Majesté plaça de sa propre main le pâté du côté du flacon, en disant qu’ils étaient trop bons amis pour être séparés ? — Je me rappelle très-bien cela, madame, et pour l’oublier, j’ai trop souvent entendu Votre Seigneurie parler de cette grande matinée ; mais je croyais que tout devait être placé dans le même ordre que lorsque Sa Majesté, Dieu la bénisse ! entra dans cette chambre, ayant plus l’air d’un ange que d’un homme, s’il n’avait pas eu le visage si noir. — Alors, vous avez pensé comme une sotte, Mysie ; car, quel que soit l’ordre dans lequel Sa très-sainte Majesté ait ordonné qu’on plaçât les viandes et les flacons, cet ordre, tout aussi bien que son royal plaisir en toute autre chose, devrait être une loi pour ses sujets, et il en sera toujours ainsi pour ceux de la maison de Tillietudlem. — Eh bien, madame, » reprit Mysie en faisant les changements voulus, « il est facile de réparer l’erreur ; mais si tout doit être exactement tel que Sa Majesté l’a laissé, il devrait y avoir un fameux trou dans le pâté de gibier. »

À ce moment, la porte s’ouvrit. « Qui est là, John Gudyill,