Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/135

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je crois, l’a fait agir, est une ancienne domestique de cette famille, ce qui me fait pencher pour la miséricorde, quoique, » continua la vieille dame en regardant les portraits de son mari et de ses fils, qui tapissaient les murailles, et en poussant en même temps un profond soupir, « moi, colonel Graham, j’aie peu le droit de plaindre cette génération rebelle et obstinée. Ils ont fait de moi une veuve sans enfants, et, sans la protection de notre souverain et de ses braves militaires, ils m’auraient bientôt privée de mes terres, de mes biens, de mon foyer et de mon autel. Sept de mes tenanciers, dont la rente réunie se monte à près de cent marcs, ont déjà refusé de payer cette rente et la taxe, et ils ont eu l’audace de dire à mon intendant, qu’ils ne reconnaîtraient ni roi ni seigneur qui n’aurait pas juré le covenant. — Je les verrai, madame, c’est-à-dire avec la permission de Votre Seigneurie, reprit Claverhouse ; il me conviendrait mal de négliger de soutenir l’autorité légitime, quand elle est placée en des mains aussi dignes que celles de lady Marguerite Bellenden. Mais je dois dire que ce pays se perd de plus en plus, et me réduit à la nécessité de prendre envers les non-conformistes des mesures qui s’accordent bien plus avec mon devoir qu’avec mon inclination. Ceci me fait souvenir que j’ai à remercier Votre Seigneurie de l’hospitalité qu’elle a bien voulu accorder à un parti des miens, qui a amené un prisonnier accusé d’avoir caché le misérable assassin Balfour Burley. — La maison de Tillietudlem, répondit la dame, a toujours été ouverte aux serviteurs de Sa Majesté, et j’espère que quand elle aura cessé d’être autant à leurs ordres qu’aux miens, c’est qu’il n’en restera plus pierre sur pierre. Permettez-moi de vous dire, à cette occasion, colonel Graham, que le gentilhomme qui commande ce parti n’occupe pas un rang convenable dans l’armée, si l’on considère quel sang coule dans ses veines ; et si je pouvais me flatter qu’on voulût bien accorder quelque chose à ma requête, j’oserai demander qu’on lui procurât de l’avancement à la première occasion favorable. — Votre Seigneurie veut parler du sergent Francis Stuart, que nous appelons Bothwell ? » dit Claverhouse en souriant ; « il est un peu dur, un peu grossier ; il ne se soumet pas autant à la discipline que l’exigent les règles du service. Mais m’indiquer comment je puis obliger lady Marguerite Bellenden, c’est m’imposer une loi. Bothwell, » continua-t-il en s’adressant au sergent, qui paraissait précisément à la porte, « allez baiser la main de lady Marguerite Bellenden ; elle s’intéresse