Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/178

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furent repoussés par les dragons, et le combat redevint général.

Mais rien ne pouvait détourner l’attention des deux combattants, ni leur faire lâcher l’étreinte mortelle dans laquelle ils se roulaient par terre, se déchirant, luttant et écumant avec toute la rage de vrais chiens de combat.

Plusieurs chevaux passèrent sur eux dans la mêlée, sans leur faire lâcher prise ; enfin le bras droit de Bothwell fut cassé par le coup de pied d’un cheval. Il lâcha prise en poussant un gémissement profond et sourd, et les deux combattants s’élancèrent sur leurs pieds. La main droite de Bothwell retomba sans mouvement à son côté, mais sa gauche saisit le lien qui retenait son poignard qui dans la lutte s’était échappé de sa gaine… et d’un air de rage mêlée de désespoir, il resta tout à fait sans défense, tandis que Balfour, avec un rire de joie sauvage, fit brandir son sabre, et ensuite le passa au travers du corps de son adversaire. Bothwell reçut le coup sans tomber… il n’avait qu’effleuré les côtes. Il ne tenta plus aucun moyen de défense, mais envisageant Burley avec une expression de haine mortelle, il s’écria : « Vil rustre de paysan, tu as versé le sang d’une lignée de rois ! — Meurs, misérable ! meurs ! » dit Balfour en redoublant le coup d’une main plus sûre ; et, plaçant son pied sur le corps de Bothwell lorsqu’il tomba, il le perça une troisième fois avec son épée. « Meurs, chien sanguinaire ! meurs ainsi que tu as vécu ! meurs comme les animaux qui périssent, n’espérant rien, ne croyant rien. — Et ne craignant rien ! » dit Bothwell, en faisant un dernier effort pour prononcer ces paroles désespérées. Et il expira.

Saisir par la bride un cheval égaré, s’élancer sur son dos, et se précipiter au secours de sa troupe, fut pour Burley l’affaire d’un moment. Et comme la chute de Bothwell avait rendu aux insurgés tout le courage qu’elle avait enlevé aux camarades du sergent, l’issue du combat ne fut pas long-temps douteuse. Plusieurs soldats furent tués, le reste repoussé de l’autre côté du marécage ; et Burley victorieux le traversa à son tour à la tête de son parti pour diriger contre Claverhouse la manœuvre que celui-ci avait indiquée à Bothwell. Il rallia ensuite sa troupe dans la vue d’attaquer l’aile droite des royalistes, et envoya des nouvelles de son succès au corps principal, exhortant les siens, au nom du ciel, à traverser le fossé et à continuer l’œuvre glorieuse du Seigneur par une attaque générale sur l’ennemi.

Pendant ce temps, Claverhouse avait en quelque sorte remédié