Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/179

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à la confusion causée par la première attaque irrégulière et sans succès, et réduit le combat de front à une escarmouche éloignée avec les armes à feu, soutenue principalement par quelques cavaliers démontés qu’il avait postés derrière les bouquets touffus de sureau, qui, en quelques endroits, couvraient les bords du marécage. Leur feu serré, calme et bien dirigé, incommodait beaucoup l’ennemi et cachait en même temps leur petit nombre. Claverhouse, tandis qu’il soutenait ainsi le combat, attendant que la diversion opérée par Bothwell et son détachement pût faciliter une attaque générale, fut accosté par un des dragons dont le visage ensanglanté et le cheval harassé témoignaient qu’il avait pris part au combat.

« Qu’est-il arrivé, Holliday ? « dit Claverhouse, car il connaissait chaque homme de son régiment par son nom. « Où est Bothwell ? — Bothwell est mort, reprit Holliday, et plus d’un brave avec lui. — Alors le roi, » dit Claverhouse avec son calme ordinaire, « a perdu un excellent soldat. L’ennemi a sûrement passé le marécage ? — Avec un gros de cavalerie, commandé par le diable incarné qui a tué Bothwell, » reprit le soldat effrayé. — Paix ! paix ! » dit Claverhouse en mettant un doigt sur ses lèvres, « pas un mot à d’autres qu’à moi. Lord Evandale, il faut battre en retraite ; le sort le veut ainsi. Rappelez les tirailleurs ; qu’Allan rallie le régiment et en forme deux corps : vous opérerez tous deux votre retraite par échelons vers la colline ; et moi, avec l’arrière-garde, je tiendrai ces coquins en échec. Ils ne tarderont pas à franchir le fossé, car je vois toute leur ligne en mouvement. Ne perdez donc pas de temps. — Où est Bothwell et son détachement ? » demanda lord Evandale, étonné du sang-froid de son commandant.

— Il est mort en brave, lui dit Claverhouse à l’oreille. Le roi a perdu un serviteur, et le diable en a gagné un. Mais, en avant, Evandale, piquez des deux, et rassemblez les hommes. Il faut qu’Allan et vous, les teniez en ordre. Battre en retraite est un nouveau service pour chacun de nous ; mais nous prendrons bientôt notre revanche. »

Evandale et Allan se préparèrent à remplir leur mission ; mais avant qu’ils fussent parvenus à disposer le régiment en deux corps, un parti considérable d’ennemis avait traversé le marais. Claverhouse, qui avait retenu autour de sa personne quelques-uns de ses hommes les plus actifs et les plus éprouvés, chargea en personne ceux qui avaient traversé, tandis qu’ils étaient encore