Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/187

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découvrir un conventicule ! Ne veux-tu pas l’arrêter, maintenant que tu en as trouvé un ? ne veux-tu pas rester pour entendre encore un mot ? ne veux-tu pas attendre la prédication de l’après-midi ? Que le malheur vous suive ! » dit-elle en changeant soudainement de ton, « et qu’il tranche les jarrets de la créature sur la vitesse de laquelle vous comptez ! Fi ! fi ! partez, vous tous qui avez tant versé de sang, et qui voudriez maintenant sauver le vôtre. Partez, comme un Rabsakeh railleur, un profane Shimei, un Doeg altéré de sang ! Elle est tirée du fourreau maintenant, l’épée qui vous atteindra malgré votre fuite rapide. »

On suppose facilement que Claverhouse était trop occupé pour faire attention à ces imprécations ; il se hâtait de franchir la montagne, tout entier au soin d’amener le reste de ses hommes hors de la portée du fusil, et dans l’espoir de rallier encore les fugitifs sous son étendard. Mais, à l’instant où l’arrière-garde traversait le sommet, un coup de feu atteignit le cheval de lord Evandale, et il tomba aussitôt mort sous lui. Deux des cavaliers whigs qui étaient le plus avancés dans la poursuite, s’empressèrent d’arriver pour le tuer, car jusque là on n’avait fait aucun quartier. Aussitôt Morton se précipita vers lui pour lui sauver la vie, s’il le pouvait, afin de satisfaire en même temps à sa générosité naturelle et de reconnaître l’obligation que lord Evandale lui avait fait contracter le matin même, obligation que l’état de son cœur lui rendait si pesante. Au moment où il venait d’aider lord Evandale, qui était grièvement blessé, à se débarrasser de son cheval mourant, et à se remettre sur pied, les deux cavaliers arrivèrent, et l’un d’eux en s’écriant, « Visez au tyran en habit rouge, » porta au jeune lord un coup que Morton para avec difficulté, criant en même temps au cavalier, qui n’était autre que Burley lui-même, « Faites quartier à ce gentilhomme, à cause de moi. À cause de moi, » ajouta-t-il en voyant que Burley ne le reconnaissait pas aussitôt, « de Henri Morton, qui vous a donné tout récemment un asile. — Henri Morton ! » reprit Burley en essuyant son front sanglant avec sa main plus sanglante encore ; « n’ai-je pas dit que le fils de Silas Morton sortirait de la terre de l’esclavage, qu’il ne séjournerait pas long-temps dans les tentes de Ham ? Tu es un tison arraché aux flammes. Mais quant à cet apôtre botté de l’épiscopat, il faut qu’il meure, il faut que nous frappions la hanche et la cuisse, depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher ; notre devoir est de les tuer comme des enfants d’Ama-