Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/194

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de ses contemporains ; et le langage des Écritures, qui dans leur bouche était quelquefois défiguré par de fausses applications, donnait à l’exhortation de Macbriar une teinte riche et solennelle, semblable à celle que produisent les rayons du soleil sur la fenêtre gothique d’une ancienne cathédrale, lorsqu’il traverse les vitraux ornés de l’histoire des saints et des martyrs.

Il peignit sous les couleurs les plus touchantes la désolation de l’Église pendant la dernière période de son affliction. Il la compara à Agar veillant sur les jours chancelants de son fils dans le désert aride ; à Juda sous son palmier, déplorant la dévastation de son temple ; à Rachel pleurant ses enfants et refusant d’être consolée. Mais il s’éleva presque au sublime lorsqu’il s’adressa aux hommes encore couverts du sang versé dans le combat. Il les engagea à se rappeler les grandes choses que Dieu avait faites pour eux, et à persévérer dans la carrière que leur victoire avait ouverte.

« Vos vêtements sont teints, mais non du jus du pressoir ; vos épées sont couvertes de sang, s’écria-t-il, mais non du sang des boucs et des agneaux ; la terre que vous foulez est engraissée par le sang, mais ce n’est pas celui des taureaux, car le Seigneur a fait un sacrifice dans Bozrah et un grand carnage dans la terre d’Idumée. Ceux-ci n’étaient pas les premiers-nés du troupeau, le petit bétail des holocaustes, dont les corps restent comme du fumier sur le champ du laboureur ; ce n’est pas l’odeur de la myrrhe, de l’encens ou des herbes suaves qui frappe votre odorat ; mais ces troncs sanglants sont les cadavres de ceux qui tenaient en main l’arc et la lance, qui étaient cruels, et ne voulaient montrer aucune miséricorde ; dont la voix s’agitait comme le bruit de la mer ; qui montaient sur des chevaux, tous équipés comme pour la bataille. Ce sont les cadavres des puissants hommes de guerre qui marchèrent contre Jacob au jour de sa délivrance, et cette fumée est celle des feux dévorants qui les ont consumés. Et ces collines sauvages qui nous entourent ne sont pas un sanctuaire revêtu de cèdre et d’argent, ni vous des prêtres officiant à l’autel, tenant en main l’encensoir et les torches : mais vous tenez l’épée, l’arc, et tous les instruments de la mort. Et cependant, je vous le dis, l’ancien temple, même dans toute sa première gloire, n’a pas vu de sacrifice plus agréable que celui que vous avez offert en ce jour, livrant pour être immolés le tyran et l’oppresseur. Les rochers vous ont servi d’autel, et la voûte du ciel de sanctuaire, et vos épées ont été les instruments du sacrifice. Ne lais-