Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/201

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ainsi que toutes les piques, les épées, les pistolets, les fusils qui se trouveront sous votre main : ne laissez pas seulement un poinçon. C’est fort heureux que je me trouve ici ! Il faut que je parle à ma sœur. »

Lady Marguerite Bellenden fut stupéfaite en apprenant cette nouvelle aussi inattendue qu’effrayante. Il lui avait semblé que la force imposante qui avait quitté son château dans la matinée devait suffire pour mettre en déroute tous les mécontents d’Écosse, eussent-ils été réunis en un seul corps ; et sa première idée fut qu’elle ne pourrait résister à une armée assez forte pour avoir défait Claverhouse et des troupes d’élite. « Le malheur me poursuit ! le malheur me poursuit ! dit-elle : à quoi servira tout ce que nous pourrons tenter, mon frère ? à quoi servira la résistance, sinon à amener une ruine certaine sur cette maison et sur ma chère Édith ! car Dieu sait que je ne m’inquiète point de mon existence. — Allons, ma sœur, dit le major, il ne faut pas vous décourager : la place est forte, les rebelles sont ignorants et mal approvisionnés : la maison de mon frère ne deviendra jamais un antre de voleurs et de rebelles, tant que le vieux Miles Bellenden y sera. Ma main est plus faible qu’elle ne l’était ; mais, grâce à mes cheveux gris, j’ai encore quelque connaissance de la guerre. Mais voici Pike ; il nous apporte des nouvelles. Quelles nouvelles, Pike ? Encore une affaire comme Philiphaugh, hein ? — Oui, oui, » dit Pike tranquillement ; « une déroute complète. J’ai bien pensé ce matin qu’il n’arriverait rien de bon de leur nouvelle manière de porter leurs carabines. — Qui avez-vous vu ? de qui tenez-vous ces nouvelles ? demanda le major. — Oh, de plus d’une demi-douzaine de dragons qui au grand galop luttent à qui arrivera le premier à Hamilton. Ils gagneront le prix de la course, j’en réponds ; gagnera la bataille qui voudra. — Continuez vos préparatifs, Harrison, dit l’alerte vétéran ; faites entrer vos munitions et tuer le bétail. Envoyez au bourg chercher autant de farine que vous pourrez ; ne perdons pas un instant. Ne vaudrait-il pas mieux qu’Édith et vous, ma sœur, vous vous rendissiez à Charnwood, tandis que nous avons les moyens de vous y envoyer ? — Non, mon frère, » répliqua lady Marguerite, pâle mais ferme ; « si l’on doit attaquer la vieille maison, j’y resterai, et j’attendrai le résultat ; J’en ai fui deux fois dans ma vie, et à mon retour je l’ai trouvée dépourvue de ses habitants les plus braves et les plus beaux ; ainsi j’y demeure, et j’y finirai mon pèlerinage. — C’est peut-être, après