Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/208

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Le colonel prit alors congé de lady Marguerite et de miss Bellenden, les assurant que, quoiqu’il fut obligé de les quitter dans des circonstances aussi dangereuses, néanmoins, dès qu’il en aurait les moyens, il rachèterait sa réputation de bon et vrai chevalier, et qu’elles pouvaient être assurées de recevoir promptement de ses nouvelles ou de le revoir bientôt.

Remplie de doutes et de frayeur, lady Marguerite était peu en état de répondre convenablement à une promesse qui s’accordait si bien avec ses sentiments ; elle se contenta de dire adieu à Claverhouse, et de le remercier des secours qu’il avait promis de leur laisser. Édith brûlait d’impatience de s’informer du sort de Henri Morton, mais elle ne put trouver aucun prétexte : elle espéra seulement qu’il avait fait le sujet d’une partie de la longue conversation que son oncle avait eue en particulier avec Claverhouse. Néanmoins elle se trompait ; car le vieux cavalier était si occupé des devoirs de son service, qu’il avait à peine adressé un seul mot à Claverhouse qui ne concernât pas le service militaire, et probablement il se fût montré aussi indifférent, se fût-il agi du sort de son fils au lieu de celui de son ami.

Claverhouse descendit de la colline sur laquelle était bâtie la tour, afin de remettre sa troupe en marche, et le major Bellenden l’accompagna pour recevoir le détachement qui devait rester au château. « Je vous laisserai Inglis, dit Claverhouse ; car, dans la situation où je suis, je ne puis me passer d’aucun de mes officiers. Tout ce que nous pouvons faire, par nos efforts réunis, c’est de tenir nos hommes en bon ordre. Mais si quelqu’un de nos officiers absents reparaissait, je vous autorise à le retenir ici ; car mes drôles ont peine à se soumettre à une autre autorité que la mienne. »

Lorsque ses soldats eurent pris leurs rangs, Claverhouse en appela seize par leurs noms, et les remit au commandement du caporal Inglis, qu’il fit sergent sur le lieu même.

« Écoutez-moi, » leur dit-il en les quittant, « je vous laisse pour défendre la maison d’une dame, et sous les ordres de son frère, le major Bellenden, fidèle serviteur du roi. Vous vous conduirez bravement, sobrement, régulièrement et avec obéissance, et à mon retour chacun sera bien récompensé ; en cas de mutinerie, de lâcheté, de négligence dans vos devoirs, ou du moindre excès, le maréchal prévôt et la corde en feront justice. Vous savez que je n’oublie ni de punir ni de récompenser. »