Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/215

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res particulières, chaque fois qu’elle était exercée avec égard pour la liberté de ses sujets et conformément aux lois du royaume. Mais les dogmes de la secte la plus farouche, qu’on désignait sous le nom de Caméroniens, d’après leur chef Richard Cameron, allaient jusqu’à désavouer le roi régnant et tous ses successeurs qui ne reconnaîtraient pas la ligue solennelle et le Covenant. Il existait donc des germes de désunion dans ce malheureux parti ; et Balfour, malgré son enthousiasme et son attachement aux dogmes les plus violents, prévoyait la ruine de la cause générale, si l’on voulait insister sur ces divergences dans un moment où il fallait tant d’unité. Aussi désapprouvait-il, ainsi que nous l’avons vu, le zèle franc et ardent de Macbriar, et désirait-il obtenir vivement le secours du parti le plus modéré des presbytériens pour renverser le gouvernement, dans l’espoir de leur imposer à l’avenir celui qu’il faudrait y substituer.

Par cette raison il souhaitait particulièrement attacher Henri Morton à la cause des insurgés. La mémoire de son père était généralement estimée parmi les presbytériens ; et comme peu de personnes de qualité s’étaient jointes à ces rebelles, la famille et les espérances de ce jeune homme lui donnaient l’assurance qu’il serait choisi pour chef. Au moyen de Morton, comme fils de son ancien camarade, Burley concevait l’espoir d’exercer quelque influence sur le parti libéral de l’armée, et enfin de gagner lui-même leur confiance au point d’être choisi pour commandant en chef : c’était le but de son ambition. Il avait donc, sans attendre que d’autres s’emparassent du sujet, vanté au conseil les talents et les dispositions de Morton, et il avait facilement obtenu son élévation aux fonctions difficiles de chef dans cette armée désunie et sans discipline.

Les arguments dont Balfour se servit auprès de Morton pour lui faire accepter cette promotion dangereuse, après qu’il se fut débarrassé de Macbriar, moins artificieux et moins prudent que lui, étaient assez pressants et plausibles. Il n’affecta pas de nier ni de déguiser que ses propres sentiments sur le gouvernement de l’Église allassent aussi loin que ceux du prédicateur qui venait de les quitter ; mais il déclara que, dans une crise aussi désespérée, une légère différence d’opinion ne devait pas arrêter ceux qui, en général, voulaient le bien de leur pays opprimé, ni les empêcher de tirer l’épée en sa faveur. « Un grand nombre des causes de la division, entre autres celle qui concernait l’indul-