Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/221

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seil M. Henri Morton de Milnwood, comme un homme touché des malheurs du temps, et disposé à sacrifier ses biens et sa vie pour la cause sacrée à laquelle son père, le célèbre Silas Morton, avait rendu dans son temps de si éclatants services. Aussitôt Poundtext serra la main à Morton en signe d’amitié, ce que firent aussi ceux qui montraient quelques principes de modération. Les autres murmurèrent le mot d’érastianisme, et rappelèrent tout bas que Silas Morton, vaillant et digne serviteur du Covenant, avait ensuite apostasié quand les resolutioners eurent reconnu l’autorité de Charles Stuart, ouvrant ainsi la porte à la tyrannie actuelle et à l’oppression qui pesait sur l’Église et le pays. Ils ajoutaient toutefois que, dans ces jours critiques, ils ne voulaient refuser l’alliance d’aucune personne qui pût mettre la main à l’œuvre : ainsi Morton fut reconnu pour un des chefs de l’armée et admis dans le conseil, sinon avec l’approbation générale, au moins sans que personne s’y opposât formellement. Ils procédèrent ensuite, sur la motion de Burley, à la formation des divisions particulières de leurs soldats, dont le nombre croissait à chaque instant. Dans cette répartition, les insurgés de la paroisse et de la congrégation de Poundtext furent naturellement placés sous le commandement de Morton, mesure également agréable aux soldats et à leur chef, qui se recommandait à leur confiance par ses qualités personnelles, et aussi parce qu’il était né parmi eux.

Il devint nécessaire ensuite de déterminer quel parti on tirerait de la victoire. Le cœur de Morton tressaillit quand il entendit nommer le château de Tillietudlem comme une des plus importantes positions dont il fallait s’emparer. Ce château, comme nous l’avons souvent dit, commandait la route qui unissait la partie inculte et la partie plus fertile de cette contrée ; on ne pouvait douter qu’il deviendrait, pour tous les Cavaliers du pays, une place forte et un point de rendez-vous, si les insurgés le laissaient derrière eux. Cette mesure était surtout sollicitée par Poundtext et ses partisans, dont les habitations et les familles se seraient trouvées exposées à toutes les rigueurs des royalistes s’ils restaient maîtres de cette place.

« Je suis d’avis, » dit Poundtext (car, comme tous les théologiens de cette époque, il n’hésitait pas à donner son opinion sur les opérations militaires, malgré sa complète ignorance sur cet objet) ; « je suis d’avis de prendre et de raser la forteresse de cette