Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/236

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pline convenable parmi les cavaliers que Claverhouse a laissés ici en garnison, et qui, je dois le dire, ne semblent pas fort habitués à l’observer. Le colonel nous a autorisés à retenir tout officier de son régiment qui se présenterait ici. — C’est un argument irrésistible, dit lord Evandale, puisqu’il me prouve que mon séjour ici peut être utile, même dans le fâcheux état où je me trouve. — Quant à vos blessures, milord, dit le major, si ma sœur lady Bellenden veut se charger de combattre tout symptôme de fièvre qui pourrait se montrer, je vous réponds que mon vieux camarade Gédéon Pike pansera une blessure aussi bien que s’il était de la corporation des chirurgiens-barbiers. Il a eu assez d’occasions de s’exercer du temps de Montrose ; car, comme vous le pensez bien, nous avions à l’armée peu de chirurgiens qui eussent pris régulièrement leurs grades. Vous consentez donc à rester avec nous ? — Les motifs qui m’engageaient à quitter le château, » dit lord Evandale en jetant un regard sur Édith, « quelque puissants qu’ils puissent être, doivent céder à ceux qui se fondent sur les services que je puis vous rendre. Oserais-je, major, vous demander communication des moyens et du plan de défense que vous avez préparés, ou me permettez-vous de vous accompagner pour examiner les travaux ? »

Il n’avait pas échappé à miss Bellenden que lord Evandale paraissait dans un grand abattement de corps et d’esprit. « Je pense, mon oncle, » dit-elle en s’adressant au major, « que puisque lord Evandale consent à devenir officier de notre garnison, vous devez commencer par le soumettre à votre autorité, et lui ordonner de passer dans son appartement pour y prendre quelque repos avant d’entamer des discussions militaires. » — Édith a raison, dit la vieille dame ; il faut que vous alliez sur-le-champ vous mettre au lit, milord, et que vous preniez une potion contre la fièvre, préparée de ma propre main. Ma dame de compagnie, mistress Martha Weddell, vous fera du bouillon de poulet, ou quelque autre chose de léger. Je ne vous conseillerai pas le vin… John Gudyill, que la femme de charge prépare la chambre du dais. Il faut que lord Evandale se couche à l’instant. Pike lèvera les bandages et examinera l’état des blessures. — Ce sont de tristes préparatifs, madame, » dit lord Evandale en se retournant pour remercier lady Marguerite avant de quitter le salon ; « mais je dois me soumettre à vos ordres, et j’espère que votre habileté me rendra bientôt plus capable de défendre le château que je ne le suis