Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/264

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trop bien le récit de mistress Wilson[1]. Morton demanda sur-le-champ à parler à Burley, et on lui indiqua sa demeure. Ils le trouvèrent lisant les Écritures, ses armes près de lui de crainte d’être surpris. Il tressaillit et se leva à l’arrivée de ses collègues.

« Qui vous amène ici ? leur demanda-t-il aussitôt ; apportez-vous de mauvaises nouvelles de l’armée ? — Non, répondit Morton, mais nous savons qu’on a ici adopté des mesures qui compromettent fortement la sûreté de l’armée… Lord Evandale est votre prisonnier ! — Le Seigneur l’a livré entre nos mains, répliqua Burley. — Et vous allez profiter de cet avantage que le ciel vous accorde, pour déshonorer notre cause aux yeux du monde entier en faisant souffrir à un prisonnier une mort ignominieuse ? — Si le château de Tillietudlem ne m’est pas livré au point du jour, répliqua Burley, que Dieu m’envoie pareil malheur, et plus encore, s’il ne meurt du supplice que son chef et son patron, John Graham de Claverhouse, a infligé à tant de saints du Seigneur. — Nous avons pris les armes, répondit Morton, pour mettre fin à de telles cruautés et non pour les imiter, moins encore pour punir l’innocent des crimes du coupable. Par quelle loi pouvez-vous justifier l’atrocité que vous allez commettre ? — Tu ne la connais pas ? répliqua Burley : ton compagnon te dira que c’est celle qui livra les habitants de Jéricho au glaive de Josué, fils de Num. — Mais nous, répondit le ministre, nous vivons sous une loi meilleure, qui nous instruit à rendre le bien pour le mal, et à prier pour nos bourreaux et nos persécuteurs. — C’est-à-dire, ajouta Burley, que tu associeras la prudence de ta vieillesse à l’inexpérience de ce jeune homme, pour combattre ma résolution ? — Tous deux, poursuivit Poundtext, nous avons autant d’autorité que toi-même dans l’armée, et nous ne te laisserons pas arracher un cheveu de la tête du prisonnier ; peut-être Dieu l’a-t-il destiné à devenir un instrument pour guérir les plaies d’Israël. — J’ai pensé qu’il en serait ainsi, s’écria Burley, quand j’ai vu appeler au conseil des anciens des gens tels que toi… — Tels que moi ? répéta Poundtext, et qui suis-je pour que vous m’apostrophiez avec tant de mépris ? N’ai-je pas défendu pendant trente ans mon troupeau contre les loups ? et cela pendant que toi, John

  1. Les caméroniens avaient éprouvé la persécution sans apprendre à être miséricordieux. Le capitaine Crichton nous a appris qu’ils avaient élevé dans leur camp un immense gibet avec un grand nombre de poulies, et mis au bas un rouleau de cordes pour l’exécution de tous les royalistes qu’ils pourraient faire prisonniers. Guild, dans son Bellum bothuellianum, décrit cet appareil avec détail.