Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/266

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des revues et des parades ; et vous, monsieur Poundtext à torturer les Écritures pour les convertir en érastianisme. Néanmoins chargez-vous du prisonnier ; faites-en ce que vous voudrez… Dingwall, » continua-t-il en appelant un officier qui lui servait d’aide-de-camp et qui couchait dans une chambre voisine, « ordonnez à la garde qui veille sur ce coquin d’Evandale de céder son poste à celle que le capitaine Morton choisira pour la remplacer… Le prisonnier, » dit-il en s’adressant de nouveau à Poundtext et à Morton, « est maintenant à votre disposition, messieurs ; mais rappelez-vous qu’on vous demandera un jour un compte sévère de toutes ces choses. »

En parlant ainsi, il entra brusquement dans un second appartement sans leur souhaiter le bonsoir. Ses deux collègues, après un instant de réflexion, reconnurent qu’il était prudent de veiller à la sûreté personnelle du prisonnier, en plaçant près de lui une garde choisie parmi les paroissiens de M. Poundtext. Heureusement il s’en trouvait dans le village un certain nombre qu’on avait momentanément réunis à la division de Burley afin qu’ils eussent l’avantage de rester aussi long-temps que possible près de leurs familles ; c’étaient en général des jeunes gens actifs, que leurs camarades appelaient communément les tireurs de Milnwood. Sur la demande de Morton, quatre d’entre eux se chargèrent volontiers de monter la garde auprès du prisonnier ; et avec eux le capitaine laissa Headrigg, sur la fidélité duquel il pouvait compter, le chargeant de l’avertir s’il survenait quelque chose d’extraordinaire.

Ces dispositions prises, Morton et son collègue prirent possession pour une nuit du meilleur abri qu’ils purent rencontrer dans ce misérable village à demi ruiné. Toutefois ils ne songèrent point à se livrer au repos, avant d’avoir rédigé un mémoire où ils exposaient les réclamations des presbytériens modérés. Ils le terminèrent en demandant pour l’avenir le libre exercice de leur religion et la permission de suivre l’Évangile selon que leurs ministres le leur prescriraient, sans avoir à craindre ni l’oppression ni la tyrannie. Ils demandaient ensuite l’organisation d’un parlement libre qui fixât les droits de l’Église et ceux de l’État, et qui pût protéger le peuple contre toute espèce d’injustice. Enfin, ils réclamaient une amnistie générale en faveur de tous ceux qui avaient porté ou qui portaient encore les armes pour arriver à ce but. Morton devait naturellement espérer que ces conditions, qui