Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la douceur naturelle de son caractère et peut-être aussi par la conviction que les pétitionnaires ne demandaient rien que de juste, d’un autre, par le désir d’affermir l’autorité du roi et de se conformer aux opinions plus violentes de ses collègues, que l’on avait placés auprès de lui autant comme ses surveillants que comme ses conseils.

« Monsieur Morton, dit-il, il va dans cet écrit des propositions sur lesquelles je m’abstiendrai de m’expliquer en ce moment. Quelques-unes me paraissent raisonnables et justes ; et quoique je n’aie pas reçu du roi d’instructions expresses sur ce sujet, je vous promets sur mon honneur, d’intercéder en votre faveur, d’employer tout mon crédit auprès de Sa Majesté pour vous faire obtenir ce que vous demandez. Mais vous devez convenir que je ne puis traiter qu’avec des suppliants, et non avec des rebelles ; et préalablement à toute démarche de ma part en votre faveur, je dois insister pour que vos partisans déposent les armes et se séparent. — Agir ainsi, » répondit fièrement Morton, « ce serait reconnaître que nous sommes des rebelles, comme nos ennemis nous en accusent. Nos épées ont été tirées pour recouvrer des droits légitimes et naturels dont on nous a dépouillés. La modération et le bon sens de Votre Grâce lui ont fait reconnaître la justice de nos réclamations, qui n’eussent jamais été écoutées si elles n’eussent été accompagnées du bruit de la trompette. Nous ne pouvons donc déposer les armes, même sur la promesse de Votre Grâce que nous obtiendrons satisfaction, sans avoir des motifs certains d’espérer le redressement des griefs dont nous nous plaignons. — Monsieur Morton, répliqua le duc, vous êtes jeune, mais vous devez avoir assez vu le monde pour vous apercevoir que des demandes justes et innocentes en elles-mêmes peuvent devenir dangereuses et déraisonnables par la manière dont elles sont appuyées. — Nous pouvons répondre, reprit Morton, que nous n’avons employé cette manière offensante de réclamer nos droits qu’après avoir inutilement essayé de tous les autres. — Monsieur Morton, dit le duc, je ne prolongerai pas davantage cette conférence. Nous sommes prêts à commencer l’attaque ; cependant je la suspendrai pendant une heure, pour que vous ayez le temps de communiquer ma réponse aux insurgés. S’ils veulent disperser leurs troupes, déposer les armes, et m’envoyer une députation pour demander la paix, je me croirai engagé d’honneur à faire mon possible afin d’obtenir le redressement de leurs griefs ; s’ils