Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/299

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lewrath, ce prédicateur fougueux qui avait si fort étonné Morton au premier conseil tenu par les chefs des insurgés après leur victoire de Loudon-Hill. On ne sait s’il agit par les instigations des caméroniens, ou si ce fut seulement l’agitation de son esprit, la vue d’une chaire vacante, qui le portèrent à saisir l’occasion de haranguer un aussi respectable auditoire. Quoi qu’il en puisse être, il saisit ardemment l’occasion, s’élança dans la chaire, promena autour de lui ses yeux égarés, et sans s’émouvoir des murmures d’un grand nombre de ses auditeurs, ouvrit la Bible, et prit pour texte de son discours ces mots du trentième chapitre du Deutéronome : « Certains hommes, enfants de Bélial, sont sortis du milieu de vous, et ont emmené les habitants de leur ville, disant : Allons servir d’autres dieux qui vous sont inconnus ; » et il commença une harangue aussi fanatique, aussi extravagante qu’inopportune. Il s’étendit sur les sujets de discorde qui régnaient dans l’armée, et dont on était convenu d’ajourner la discussion à un temps plus convenable, n’omettant aucune question propre à soulever les passions. Enfin, après avoir accusé les modérés d’hérésie, de viser à la tyrannie, de chercher la paix avec les ennemis de Dieu, il reprocha à Morton, qu’il désigna par son nom, d’avoir été un de ces hommes qui, comme le disait le texte sacré, étaient sortis du milieu d’eux pour emmener les habitants de la ville et s’égarer à la poursuite de faux dieux. Lui, ceux qui le suivaient, ceux qui approuvaient sa conduite, Mucklewrath les menaça tous de la colère et de la vengeance divine, et exhorta ceux qui voulaient rester purs et sans tâche à se séparer d’eux.

« Ne tremblez point, dit-il, devant le hennissement des chevaux et l’éclat des cuirasses. Ne demandez point de secours aux Égyptiens contre les ennemis. Quoiqu’ils puissent être nombreux comme les sauterelles, fiers comme les dragons, leur confiance n’est pas notre confiance, leur rocher n’est pas notre rocher ; autrement, comment mille fuiraient-ils devant un seul, et deux en mettraient-ils dix mille en fuite ? J’ai rêvé dans les visions de la nuit, et la voix m’a dit : Habakkuk, prends ton van, sépare le froment de la paille, afin qu’ils ne soient pas consumés ensemble par les feux de l’indignation et les éclairs de la colère. En conséquence, je vous dis : Prenez ce Henri Morton,… ce criminel Achab, qui a apporté la malédiction parmi vous, et s’est fait des frères dans le camp de l’ennemi… Prenez-le, lapidez-le avec des pierres, ensuite brûlez-le avec le feu, pour que la colère puisse