Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/312

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rité et à employer ses forces pour la défendre. Mais il est aveuglé par ses connaissances mondaines, et il a dédaigné la lumière quand elle brillait devant lui. »

Morton ayant obtenu silence, leur expliqua les motifs qu’il avait eus pour conseiller de traiter avec Montmouth, et ce qui s’était passé dans leur courte entrevue ; enfin il leur fit voir la part active qu’il avait prise au combat.

« Je ne puis, messieurs, » dit-il en terminant cette apologie, « convenir, comme vous le prétendez, que j’aie voulu tyranniser les consciences ; car personne ne tient plus que moi à assurer notre légitime liberté. Je n’ai pas besoin non plus de prouver que si les autres avaient été de mon avis dans le conseil, ou s’étaient tenus à mon côté dans le combat, notre armée, au lieu d’être défaite et dispersée, aurait obtenu aujourd’hui une utile et honorable paix, ou se serait signalée par une victoire décisive. » — Il a dit le mot, s’écria un des assaillants ; il a avoué ses vues personnelles et charnelles et son érastianisme ! Qu’il meure d’une mort exemplaire ! — Paix ! dit Macbriar ; je veux l’interroger encore… N’est-ce pas grâce à toi que le réprouvé Evandale a échappe deux fois à la mort et à la captivité ? N’est-ce pas par toi que Miles Bellenden et sa garnison de coupe-gorges ont échappé au tranchant du glaive ? — Je suis fier de ces actions que vous semblez me reprocher comme des crimes, répondit Morton. — Vous l’entendez ! s’écria Macbriar ; sa bouche l’a dit une seconde fois… Et n’est-ce pas par amour pour une femme madianite, un des enfants du prélatisme, un appât trompeur qui sert d’amorce au piège dressé par l’ennemi, n’est-ce pas pour l’amour d’Édith Bellenden que tu t’es rendu coupable ? — Vous êtes incapable, répondit fièrement Morton, d’apprécier mes sentiments pour cette jeune dame ; mais tout ce que j’ai fait, je l’aurais fait quand même elle n’eût jamais existé. — Tu es un rebelle endurci à la vérité, » dit un autre homme au visage sombre. « Mais en sauvant la vieille Marguerite Bellenden et sa petite-fille, ton but n’était-il pas de faire avorter les sages projets de John Balfour de Burley, qui avait déterminé Basile Olifant à se mettre en campagne en lui assurant la propriété des biens terrestres de ces femmes ? — Je n’ai jamais entendu parler d’un tel projet, par conséquent je ne pouvais vouloir m’y opposer. Mais votre religion vous permet-elle d’employer des moyens aussi peu honnêtes, aussi immoraux, pour vous faire des parti-