Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/331

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cherchant à donner à ses traits une expression de malice qui semblait lui être naturelle. — Oui, avec la permission de Votre Grâce, un whig, tel que vous l’étiez en 1681, répliqua Claverhouse avec cette froide politesse qui le caractérisait. — Vous y êtes pris, milord, s’écria un des membres du conseil. — Mais oui, mais oui, répondit le juge en riant ; « depuis l’affaire de Drumclog on ne peut plus lui parler. — Allons, allons, dit le duc de Lauderdale, qui présidait le conseil, « qu’on amène les prisonniers ; et vous, greffier, lisez l’écrit que vous avez préparé. »

Le greffier lut un acte par lequel le général Graham de Claverhouse et lord Evandale se portaient cautions que Henri Morton de Milnwood sortirait du royaume, et resterait en pays étranger jusqu’à ce qu’il plût à Sa Majesté de lui accorder la permission de rentrer, et ce à cause de la part que ledit Morton avait prise à la dernière insurrection. En cas d’inexécution de sa part, la peine de mort était prononcée contre lui, et une amende de dix mille marcs d’argent contre chacune de ses cautions.

« Monsieur Morton, acceptez-vous le pardon que le roi veut bien vous accorder à ces conditions ? » demanda le duc de Lauderdale. — Je n’ai pas d’autre choix à faire, milord, répondit Morton. — Alors, signez cet acte. »

Morton obéit sans répliquer, convaincu que dans sa position il lui était impossible d’être traité plus favorablement. Macbriar, qu’on apportait dans ce même instant auprès de la table, attaché sur une chaise, car il était trop faible pour se tenir debout, Macbriar s’écria en poussant un profond gémissement :

« Il consomme son apostasie en reconnaissant le pouvoir du tyran charnel ! Astre déchu ! astre déchu ! — Silence, monsieur ! » dit le juge qui avait d’abord parlé à Claverhouse, et qui était un peu facétieux ; « gardez votre haleine pour souffler votre propre soupe ; elle se trouvera assez chaude pour votre gosier, je vous le promets. — Amenez l’autre prisonnier, » dit le président après avoir fait signe à Morton d’aller s’asseoir sur un des sièges placés le long des murs de la salle ; « ce garçon ne manque pas tout à fait d’esprit. Je le crois un de ces moutons qui ne sautent pas le fossé avant d’avoir vu sauter les autres. »

Cuddie fut introduit : il n’était point enchaîné, mais il était escorté de deux hallebardiers. On le fit placer devant la table, à côté de Macbriar. Le pauvre garçon promena autour de lui un regard piteux, qui exprimait à la fois le respect pour les grands