Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/412

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Tandis que ce sombre fanatique périssait ainsi, le brave et généreux lord Evandale quittait aussi ce monde.

Morton, sitôt qu’il l’avait vu renversé à terre, avait sauté à bas de son cheval, pour prodiguer ses secours à son ami mourant : celui-ci le reconnut, et lui serra la main, et, ne pouvant parler, fit entendre par signes qu’il désirait être transporté à Fairy-Knowe, ce qui fut exécuté avec tout le soin possible ; et, bientôt lord Evandale se trouva entouré de tous ses amis plongés dans la douleur. Celle de lady Émilie, quoiqu’elle eût un grand éclat, était loin d’égaler la douleur silencieuse d’Édith, qui, ne s’apercevant pas même de la présence de Morton, se tenait penchée sur le visage du mourant, et oubliait entièrement que si le destin lui enlevait un amant fidèle, il lui en avait rendu un autre arraché pour ainsi dire du tombeau. Mais lord Evandale, se soulevant sur son lit, prit leurs mains dans les siennes, les pressa toutes deux affectueusement, les unit ensemble, leva les yeux au ciel, comme

    batistes et autres objets, de ne procurer, à sa première tournée dans ce canton, une copie de celle épitaphe ; et d’après son rapport, de l’exactitude duquel je ne vois aucune raison de douter, elle est ainsi conçue : « Ci-gît un saint fatal aux prélats, John Balfour, nommé quelque temps de Burley, qui tira l’épée pour soutenir la cause de la ligue solennelle et du Covenant. Près de Magus-Moor, dans le comté de Fife, il ôta la vie à James Sharpe l’apostat ; il fut fusillé et haché par les mains d’un Hollandais, et se noya dans la Clyde, non loin de cet endroit. » Le retour en Écosse de John Balfour de Kinloch, appelé Burley, aussi bien que sa mort violente, telle qu’elle est racontée dans le chapitre précédent, sont des faits entièrement imaginaires. Il fut blessé au pont de Bothwell, et il prononça l’imprécation citée dans le texte, quoiqu’elle soit peu d’accord avec ses prétentions religieuses. Il se sauva ensuite en Hollande, où il trouva un asile comme les autres fugitifs de cette époque de troubles. Son biographe est assez simple pour croire que Barley s’éleva très haut dans la faveur du prince d’Orange, et il remarque « qu’ayant toujours le désir de se venger de ceux qui avaient persécuté la cause du Seigneur et le peuple en Écosse, il obtint du prince la liberté de travailler à le faire ; mais il périt sur mer, avant son arrivée en Écosse. Ainsi ce projet ne fut jamais accompli, et le pays n’a jamais été purifié par le sang de ceux qui avaient répandu le sang innocent, contrairement à l’ordre du Seigneur. Genèse, IX, 6. « Celui qui répandra le sang de l’homme, son sang sera répandu par l’homme. » (Hommes illustres d’Écosse, p. 522.) Il était réservé à cet historien de découvrir que la modération du roi Guillaume, sa prudence attentive à prévenir la continuation des querelles et des factions, ou ce que, dans les temps modernes, on appelle réaction, ne doivent être attribuées qu’à la mort de John Balfour, appelé Burley. Feu M. Wemyss-Hall, du comté de Fife, succéda à Balfour dans sa propriété, et eut en sa possession différents mémoires, papiers, et objets d’habillement qui avaient appartenu à ce fanatique sanguinaire.
    Son nom paraît exister encore aujourd’hui en Hollande on en Flandre ; car, dans les gazettes de Bruxelles du 23 juillet 1828, le lieutenant-colonel Balfour de Burley est nommé commandant des troupes du roi des Pays-Bas dans les Indes occidentales.