Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/101

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Le lecteur va parcourir dans l’espace de quelques secondes, au moyen des caractères de notre ami Billantyne[1], ce que Bucklaw mit une bonne demi-heure à déchiffrer, quoique aidé par le maître de Ravenswood. Voici quel était le contenu de la lettre :


« Notre très-honorable cousin,

« Après vous avoir fait nos cordiales salutations, cette lettre est pour vous assurer de l’intérêt que nous prenons à votre bien-être, et aux projets que vous formez dans le but de l’augmenter. Si nous avons mis moins d’activité à vous témoigner toute notre bonne volonté à votre égard, que nous n’aurions désiré en qualité de tendre parent et allié, nous vous prions de l’imputer au manque d’occasion de vous donner des preuves de notre amitié, et non à aucune indifférence de notre part. Quant à votre résolution de voyager dans les pays étrangers, nous croyons que, dans ce moment-ci, elle est peu convenable, attendu que vos ennemis pourraient, suivant l’usage de ces sortes de gens, imputer à votre voyage des motifs que nous savons et que nous croyons être aussi loin de votre pensée qu’ils le sont de la nôtre ; leurs discours, néanmoins, pourraient trouver crédit dans des endroits où ils vous seraient très-préjudiciables, ce que nous verrions avec d’autant plus de peine et de déplaisir que nous n’aurions aucun moyen d’y remédier.

« Vous ayant ainsi donné, comme l’exigeait notre parenté, notre humble avis au sujet de votre voyage hors de l’Écosse, nous ajouterions volontiers d’autres raisons importantes pour vous déterminer à rester à Wolf’s-Crag jusqu’à ce que le temps de la moisson soit passé, parce que cela peut tourner essentiellement à votre avantage et à celui de la maison de votre père. Mais, comme dit le proverbe : Verbum sapienti, un mot est plus pour un sage qu’un sermon pour un fou. Et quoique nous ayons écrit cette lettre de notre propre main, et que nous soyons bien sûrs de la fidélité de notre messager, comme nous étant attaché par plus d’un lien, néanmoins il est très-vrai que sur un terrain glissant il faut marcher avec précaution ; aussi ne hasarderons-nous pas sur le papier des choses que nous aimerions à vous communiquer de vive voix. C’est pour cela que nous avions eu l’intention de vous inviter à venir au milieu de nos montagnes stériles pour tuer un cerf et parler de choses qu’il nous est plus difficile de vous

  1. Imprimeur des romans de Walter Scott à Édimbourg. a. m.