Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les habitants de Wolf’s-Hope ? demanda Ravenswood ; aucun n’est-il venu porter du secours avant que la flamme se fût élevée si haut ? — Oui, oui, ils sont venus, les coquins, répondit Caleb ; mais je n’étais nullement pressé de les laisser entrer dans la tour, où il y avait tant d’argenterie et d’objets précieux. — Que le diable te confonde, impudent menteur ! dit Ravenswood ; il n’y avait pas une seule once de… — D’ailleurs, » dit le sommelier élevant impertinemment la voix de manière à couvrir celle de son maître, « le feu gagnait sur nous, à cause du grand nombre de tapisseries et de sculptures qui ornaient la salle à manger, et les coquins se sont mis à fuir comme des rats échaudés, dès qu’ils ont entendu parler de la poudre. — Je vous en conjure, dit le marquis à Ravenswood, ne lui faites plus de questions. — Une seule, milord : qu’est devenue la pauvre Mysie ? — Mysie ? répondit Caleb, je n’ai pas eu le temps de m’occuper de Mysie… Elle est dans la tour, j’en réponds, attendant son sort épouvantable. — De par le ciel ! s’écria Edgar, je ne comprends rien à tout ceci. La vie d’une vieille et fidèle servante est en danger, milord, ne me retenez plus ; du moins j’irai jusqu’au château pour voir si le péril est aussi imminent que ce vieux fou le prétend. — Eh bien donc ! aussi vrai que je me nourris de pain, dit Caleb, Mysie se porte bien et est en sûreté. Je l’ai vue sortir du château avant de le quitter moi-même. Est-ce que j’aurais oublié une ancienne compagne de service ? — Qu’est-ce qui vous a porté à me dire le contraire tout à l’heure ? lui demanda son maître. — Vous ai-je dit le contraire ? répondit Caleb. Il faut donc que j’aie rêvé ; ou bien cette épouvantable nuit m’a fait perdre le jugement. Mais enfin elle est en sûreté, et il n’y a personne au château ; et bien leur en prend ; ils eussent été enveloppés dans des tourbillons de flamme et de fumée. »

Le maître de Ravenswood, après cette assurance solennellement réitérée, et malgré son extrême désir d’être témoin de la dernière explosion qui devait ruiner de fond en comble la demeure de ses ancêtres, se laissa entraîner vers le village de Wolf’s-Hope. Là, non seulement dans l’auberge, mais encore dans la maison de notre ancienne connaissance le tonnelier, on s’occupait avec ardeur des préparatifs nécessaires pour la réception d’Edgar et de son noble parent : on y voyait partout une grande quantité de provisions. Mais il est nécessaire que nous donnions quelques explications à ce sujet.