Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/264

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de la colline d’où l’on découvrait Wolf’s-Crag ; les flammes étaient entièrement éteintes, et à sa grande surprise, il ne restait plus qu’une sombre rougeur qui colorait les nuages immédiatement au-dessus du château, et qui paraissait être la réverbération des restes du feu.

« Il n’est pas possible que la tour ait sauté, dit Ravenswood, nous aurions entendu l’explosion ; s’il s’était trouvé un quart de la quantité de poudre dont vous parlez, on l’aurait entendu à vingt milles à la ronde. — C’est très-probable, » répondit Balderstone avec beaucoup de sang-froid.

« Alors le feu ne peut avoir atteint les caves, reprit Ravenswood. — Il y a apparence que non, » répondit Caleb avec la même gravité imperturbable.

« Écoutez, Caleb, dit son maître, c’est un peu trop abuser de ma patience. Il faut que j’aille à Wolf’s-Crag et que je voie moi-même comment vont les choses. — Votre Honneur n’en fera rien, s’écria Caleb, d’un ton ferme. — Et pourquoi pas ? demanda fièrement Ravenswood ; qui m’en empêchera ? — Moi-même, » répondit Caleb d’un air également déterminé.

« Vous, Balderstone ? Vous vous oubliez, ce me semble. — Mais il me semble que non, ajouta Balderstone ; car je puis vous instruire de tout ce qui a rapport au château, dans cet endroit, tout aussi bien que si vous y étiez. Seulement n’allez pas vous mettre en colère et le manifester devant les enfants et devant le marquis lorsque vous redescendrez. — Parlez donc, vieux fou que vous êtes, répliqua son maître ; dites-moi sans plus tarder ce qu’il y a de bon comme ce qu’il y a de mauvais dans tout ceci. — Eh bien ! le bon et le mauvais, c’est que la tour est debout, saine et solide, et aussi sauve et aussi vide que lorsque vous l’avez quittée. — Vraiment ? Et le feu ? » dit Ravenswood.

« Pas un brin de feu, excepté l’amas de tourbe allumée, et peut-être des cendres rouges tombées de la pipe de Mysie. — Mais la flamme ? cette grande flamme que l’on aurait pu voir à dix milles de distance, qu’est-ce qui l’avait occasionnée ? — Allons donc ! répondit Caleb, il y a un vieux dicton, et qui dit vrai :

« La lumière est faible, mais sûre :
L’œil la verra de loin durant la nuit obscure. »

Enfin, ce terrible incendie n’était qu’un peu de luzerne et de litière du cheval, que j’ai allumée dans la cour après avoir renvoyé ce rustaud de laquais ; et à vous dire la vérité, au nom du ciel, lors-