Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/304

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vous pas contente d’en être débarrassée ? — Ne me fais pas de questions, Henri, répondit sa malheureuse sœur ; il n’y a que bien peu d’événements dans ce monde qui puissent me causer du plaisir ou de la peine. — Voilà ce que disent toutes les jeunes fiancées, répliqua Henri ; mais laissez faire, dans un an d’ici, vous parlerez autrement… C’est moi qui dois être le paranymphe, le premier garçon de la noce, et je vous précéderai, à cheval, jusqu’à l’église ; et tous nos parents, tous nos proches, tous nos alliés, tous ceux de Bucklaw, seront aussi à cheval, marchant en bon ordre. J’aurai un habit écarlate brodé, un chapeau à plumes, un ceinturon avec une double bordure en or accompagnée d’un point d’Espagne, et un poignard au lieu d’épée. J’aurais beaucoup mieux aimé une épée, mais Douglas ne veut pas en entendre parler. Tous ces objets et une centaine d’autres encore doivent partir ce soir d’Édimbourg sur des mulels conduits par le vieux Gilbert. Je vous les apporterai et vous les ferai voir aussitôt qu’ils seront arrivés. »

Le babillage du jeune Henri fut interrompu par la présence de lady Ashton, qui entrait, poussée par une certaine inquiétude de ne pas voir arriver sa fille. Avec un de ses plus doux sourires elle prit le bras de Lucy sous le sien, et la conduisit dans l’appartement où elle était attendue.

L’assemblée ne se composait que de sir William Ashton, du colonel Douglas Ashton, en grand uniforme, de Bucklaw, paré comme un marié, de Craigengelt, équipé de la tête aux pieds ; grâce à la libéralité de son patron, et chargé d’une quantité de galons et de dentelles qui auraient fait honneur à la toilette du capitaine Copper[1] ; enfin le révérend M. Bide-the-bent, l’assistance d’un ecclésiastique étant regardée, par les familles presbytériennes un peu strictes, comme indispensable dans toutes les circonstances qui exigeaient un certain degré de solennité.

Des vins et des rafraîchissements étaient placés sur une table où l’on voyait ouvert le contrat : il était prêt à recevoir les signatures.

Mais, avant de toucher aux rafraîchissements, ou de s’occuper de l’objet de l’assemblée, M. Bide-the-bent, à un signal donné par sir William Ashton, invita la compagnie à se joindre à lui pour adresser au ciel une courte prière improvisée, dans laquelle

  1. Personnage d’une comédie anglaise ayant pour titre : Have a wife and rule a wife, mot à mot « avoir une femme et la gouverner. » a. m.