Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/339

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aurait demandé raison. Le pasteur offrit de se battre avec lui, pour prouver qu’il avait dit vrai. Je cassai le sergent et donnai sa place à un plus digne, appelé Mungo Gray, homme de mérite et de cœur. Le sergent cassé n’appela point maître William en duel ; il se retira et quitta le service. »

Le livre d’où est tiré ce passage porte un titre formidable, de vingt-cinq à trente lignes de longueur, que nous croyons pouvoir nous dispenser de reproduire ici ; il fut imprimé à Londres, en 1637.

Un autre individu de la même école, et presque du même caractère que le Monro dont il est question dans cet ouvrage, est sir James Turner, soldat de fortune, qui parvint à un rang distingué sous le règne de Charles II, eut un commandement en Galloway et ailleurs pour la suppression des conventicules, et fut fait prisonnier par les covenantaires peu avant la bataille de Pentland. Sir James était un homme d’un mérite supérieur à celui de Monro, et il avait pris ses degrés de maître-ès-arts au collège de Glasgow. Dans les derniers temps de sa vie, il composa plusieurs discours sur des sujets historiques ou littéraires, et dont le club de Bannalyne a imprimé plusieurs fragments sous le titre de Mémoires de sir James Turner. J’en ai extrait le passage suivant, comme un exemple de ce que le capitaine Dalgetty eût pu consigner dans son journal, s’il en avait tenu un, ou, pour donner une idée plus exacte de son caractère, tel que de Foe l’aurait tracé, en donnant à un récit de pure invention les couleurs de la vérité :

« Ici je raconterai un accident qui m’arriva ; car, bien que non extraordinaire, il fut très-ennuyeux sous tous les rapports. Mes deux brigades occupaient un village à un demi-mille d’Appleby ; j’avais mon propre quartier dans la maison d’un gentleman, qui était un ritmaster, ou quartier-maître, chez qui à cette époque se trouvait sir Marmaduke. Sa femme tenait la chambre qu’elle occupait toute prête pour la recevoir au lit. Le château étant abandonné et Lambert assez loin, je résolus de me coucher toutes les nuits, à cause de mes fatigues des journées précédentes. La première nuit, je dormis assez bien ; le lendemain matin j’avais perdu un bas de fil, un demi-bas de soie et une chaussette ; je ne pus les retrouver. Comme j’en possédais d’autres, je m’habillai et me rendis au quartier. À mon retour je ne pus avoir aucune nouvelle de mes bas. La nuit suivante je me mis au lit, et le matin je me trouvai dans le même état, perdant trois bas pour une seule jambe, et les trois autres ayant été laissés intacts comme ils l’étaient la