Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/360

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Lorsqu’ils se furent examinés pendant environ une minute, le jeune gentilhomme fit la question qui était communément dans la bouche de tous les étrangers qui se rencontraient à cette époque : « Pour qui êtes-vous ? — Déclarez-moi d’abord, dit le soldat, pour qui vous êtes. C’est au parti le plus fort à parler le premier. — Nous sommes pour Dieu et le roi Charles ; et maintenant que vous connaissez notre parti, dites-nous quel est le vôtre. — Je suis pour Dieu et mon étendard. — Et quel est cet étendard ? Est-ce celui des Cavaliers ou celui des Têtes-rondes ? celui du roi ou celui du parlement ? — Par ma foi, monsieur, je ne voudrais pas vous répondre par un mensonge ; car c’est une chose qui ne convient pas à un cavalier de fortune et à un soldat. Mais pour le faire avec la véracité convenable, il serait nécessaire que je décidasse moi-même quel parti j’embrasserai parmi ceux qui divisent aujourd’hui le royaume, et c’est un sujet sur lequel mon esprit n’est pas encore précisément déterminé. — J’aurais pensé, répondit le jeune noble, lorsqu’il s’agit de la loyauté et de la religion, qu’un gentilhomme ou un homme d’honneur ne devait pas être long à choisir son parti. — En vérité, monsieur, si vous parlez ainsi pour me blâmer, en attaquant mon honneur ou ma noblesse, je vous les prouverai tout de suite, en soutenant cette querelle moi seul contre vous trois. Mais si ce n’est que par forme de raisonnement logique, comme j’ai étudié dans ma jeunesse au collège Mareschal à Aberdeen, je suis prêt à vous prouver iogicè que ma résolution de différer pour un certain temps d’embrasser un des deux partis, non seulement me convient comme gentilhomme et cavalier d’honneur, mais aussi comme homme de sens et de prudence, qui a appris les belles-lettres dans sa première jeunesse, et qui, depuis, a fait la guerre sous la bannière de l’invincible Gustave, le lion du Nord, et sous beaucoup d’autres héros, tant luthériens et calvinistes que papistes et arméniens. »

Après avoir échangé un ou deux mots avec ses domestiques le jeune gentilhomme répliqua : « Je serais flatté, monsieur, d’avoir un entretien avec vous sur une question si intéressante, et je serais fier de pouvoir vous décider pour la cause que j’ai moi-même embrassée. Je me rends ce soir à la maison d’un ami, à trois milles d’ici ; si vous voulez m’accompagner, vous y trouverez bon logement pour cette nuit, et libre permission de reprendre votre chemin demain matin, si vous pensez ne pas pouvoir vous joindre à nous. — Et de qui recevrai-je parole sur ce point ? demanda