Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/361

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le prudent soldat. Un homme doit connaître ses garanties, ou il risque de tomber dans une embuscade. — Je suis le comte de Menteith, répondit le jeune homme, et je pense que vous recevrez mon serment sur l’honneur comme un gage suffisant. — Le comte de Menteith est un digne gentilhomme, et dont la parole ne peut être mise en doute. » En parlant ainsi, il replaça son mousqueton derrière son dos, il fit un salut militaire au jeune comte, et continuant de parler en poussant son cheval pour le joindre : « Et je réponds, dit il, que je serai buen camarado pour Votre Seigneurie, soit en paix, soit en guerre, pendant le temps que nous vivrons ensemble ; ce qui n’est pas non plus à dédaigner dans un temps où, comme on dit, la tête d’un homme est plus en sûreté sous un casque d’acier que dans un palais de marbre. — Je vous assure, dit lord Menteith, qu’à en juger d’après votre apparence, j’apprécie hautement l’avantage de votre escorte ; mais je suppose que nous n’aurons aucune occasion d’exercer votre valeur, car je vous conduis chez un ami où vous trouverez de bons quartiers. — De bons quartiers, milord, sont toujours acceptés, et ils ne sont inférieurs en mérite intrinsèque qu’à une bonne paie ou à un bon butin, pour ne pas parler de l’honneur du cavalier et de l’accomplissement exact des devoirs du service. Et véritablement, milord, votre offre n’est pas la moins bienvenue, car je ne savais pas précisément où moi et mon pauvre compagnon, » frappant le cou de son cheval, « nous aurions trouvé un logement pour cette nuit. — M’est-il permis de vous demander maintenant à qui j’ai la bonne fortune de servir de quartier-maître ? — Certainement, milord. Mon nom est Dalgetty, Dugald Dalgetty, le ritt-master Dugald Dalgetty de Drumthwacket, prêt à vous servir et à exécuter vos honorables commandements. C’est un nom que vous pouvez avoir vu dans le Gallo-belge, la Gazette suédoise, ou, si vous lisez l’allemand, dans le Mercure volant de Leipsick[1]. Mon père ayant, par sa conduite prodigue, réduit à rien un beau patrimoine, je n’eus pas de meilleur expédient, lorsque j’eus atteint mes dix-huit ans, que de porter les connaissances que j’avais acquises au collège Mareschal d’Aberdeen, mon sang noble et mon titre de Drumthwacket, avec deux bras vigoureux et deux bonnes jambes, dans les guerres d’Allemagne, pour y faire mon chemin comme cavalier de fortune. Milord, mes jambes et mes bras me servirent plus que ma noblesse et ma science, et je me trouvai traînant une

  1. Noms de différents journaux. a. m.