Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/380

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que une anse. — Paix, vieillard ! » dit Allan d’une vois fière ; « et vous, messieurs, si vous avez fini de vous rafraîchir, quittez cette salle ; je dois la préparer pour recevoir nos botes du sud. — Partons, » dit le domestique en tirant lord Menteith par la manche et en regardant Allan ; « son heure est arrivée[1] il ne faut pas le contrarier. »

Ils sortirent donc de la salle, Donald montrant le chemin à lord Menteith et au capitaine, et les deux domestiques conduits autre part par un Highlander. Les premiers avaient à peine gagné une espèce de chambre de repos, qu’ils furent joints par le maître du logis, nommé Angus Mac-Aulay, et ses hôtes anglais. La joie fut grande des deux côtés, car lord Menteith et les gentilshommes anglais se connaissaient depuis long-temps ; et, présenté par lord Menteith, le capitaine Dalgetty fut très-bien accueilli par le laird. Mais le premier mouvement d’enthousiasme une fois passé, lord Menteith put remarquer un nuage de tristesse sur le front de son ami le Highlander.

« Vous devez avoir appris, dit sir Christophe Hall, que notre belle entreprise du Cumberland a complètement échoué ; la milice ne voulut pas entrer en Écosse, et vos covenantaires aux oreilles droites sont peu favorables à nos amis dans les comtés méridionaux. Ayant appris qu’il y avait ici quelque chose à faire, Musgrave et moi, plutôt que de rester oisifs chez nous, nous sommes venus pour faire campagne avec vos kilts et vos plaids. — J’espère que vous avez amené avec vous des armes, des hommes et de l’argent ? dit lord Menteith en riant. — Seulement une douzaine ou deux de soldats que nous avons laissés dans le dernier village des Lowlands ; encore avons-nous eu assez de peine à les amener aussi loin. — Quant à l’argent, dit son compagnon, nous attendons une petite somme de notre hôte et ami que voici. »

À ces mots, le laird, dont les joues se couvrirent de rougeur, prit Menteith un peu à l’écart, et lui exprima son regret de s’être aventuré dans une folle gageure.

« J’ai tout appris de Donald, » dit lord Menteith, qui put à peine retenir un sourire.

« Au diable le vieillard ! dit Mac-Aulay ; il faut qu’il parle, ses paroles dussent-elles coûter la vie à quelqu’un. Mais ce n’est pas ici une chose risible pour vous non plus, milord ; car je compte

  1. His hour is on him, sorte d’adage qui signifie avoir une vision ou un accès de folie. a. m.