Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/415

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ainsi, en général, Montrose pouvait passer pour un beau cavalier. Mais ceux qui le voyaient lorsque son âme passait dans ses yeux avec toute l’énergie et le feu de son génie, ceux qui l’entendaient parler avec cette puissance de talent et l’éloquence de la nature, concevaient, même de son extérieur, une opinion plus enthousiaste et plus favorable que les portraits qui restent de lui ne pourraient le faire penser. Telle fut du moins l’impression qu’il produisit sur les chefs montagnards assemblés, pour lesquels, comme pour toutes les personnes de leur genre, l’extérieur possède un haut degré d’influence.

Dans la discussion qui suivit, Montrose raconta les différents dangers qu’il avait courus pour l’entreprise qu’il méditait. Ses premiers efforts avaient été pour assembler un corps de royalistes dans le nord de l’Angleterre, qu’il s’attendait à voir marcher en Écosse sous les ordres du marquis de Newcastle ; mais l’aversion des Anglais à passer le Border[1], le délai du comte d’Antrim qui devait débarquer avec ses troupes irlandaises dans le Firth de Solway, l’avaient empêché d’exécuter ses projets ; et d’autres plans ayant échoué de la même manière, il s’était trouvé dans la nécessité de se cacher sous un déguisement pour traverser les Lowlands, et le jeune Menteith, son parent, l’avait aidé comme un véritable ami. Il lui était impossible d’expliquer comment Mac-Aulay était parvenu à le connaître. Ceux qui connaissaient les prétentions et les talents prophétiques d’Allan, sourirent d’un air mystérieux ; mais Allan répondit que le comte de Montrose ne devait pas être étonné d’être connu d’un millier de personnes qu’il ne pouvait se rappeler lui-même.

« Sur mon honneur de cavalier, » dit le capitaine Dalgetty, trouvant à la fin occasion de parler, « je suis orgueilleux et heureux de pouvoir tirer l’épée sous les ordres de Votre Seigneurie, et je dois bannir de mon cœur toute haine, tout ressentiment et toute idée de vengeance contre Allan Mac-Aulay, qui m’a jeté au bas bout de la table hier soir. Certes, aujourd’hui il a si bien parlé comme un homme qui jouit pleinement de l’usage de ses sens, que j’ai pensé qu’il ne peut nullement, quant à présent, réclamer le privilège de la folie. Mais puisque c’était pour le noble comte, mon futur commandant en chef, je dois devant vous tous reconnaître la justice de cette préférence, et saluer de grand cœur Allan comme un homme qui veut être son buen camarado. »

  1. La frontière qui sépare l’Angleterre de l’Écosse. a. m.