Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/416

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À ces mots, qui furent peu entendus et auxquels on fit peu d’attention, le capitaine, sans ôter son gantelet militaire, saisit la main d’Allan, et commença à la serrer avec force. Mais Allan, d’une poignée aussi ferme que l’étau d’un serrurier, la lui serra à son tour avec une telle violence qu’il fit entrer les lames du gantelet dans la main de Dalgetty.

Le capitaine aurait regardé cette action comme un nouvel affront, si son attention, au moment où il secouait sa main en soufflant dessus, n’eût été réclamée par Montrose lui-même.

« Écoutez ces nouvelles, dit-il, capitaine, ou plutôt major Dalgetty ; les Irlandais, qui doivent profiter de votre expérience militaire, ne sont plus qu’à quelques lieues de nous. — Nos chasseurs de daims, dit Angus Mac-Aulay, que j’avais envoyés dans la montagne chercher du gibier pour l’honorable compagnie, ont appris qu’il arrivait une troupe d’étrangers qui ne parlent ni saxon, ni pur gaélique, et qui ont bien de la peine à se faire entendre du peuple de ce pays ; ils sont en armes, et leur chef est, dit-on, Alaster Mac Donald, qu’on appelle communément le jeune Colkitto. — Ce doit être nos hommes, dit Montrose ; il faut nous hâter de leur envoyer des gens pour leur servir de guides et pour leur donner ce qui leur manque. — Cette dernière chose, dit Angus Mac-Aulay, ne sera pas la plus aisée ; car je sais qu’excepté quelques mousquets et très-peu de munitions, ils manquent de tout ce qui est nécessaire à un soldat ; ils n’ont ni argent, ni souliers, ni vêtements. — Rien n’obligeait, dit Montrose, de proclamer cela si haut. Les tisserands puritains de Glascow leur fourniront du drap en abondance lorsque nous descendrons des Highlands. Et puisque les ministres ont pu, par leurs sermons, engager les vieilles femmes des bourgs écossais à se priver de leur toile pour faire des tentes à ceux qui combattaient pour elles à Dunse-Law, j’essaierai si mon éloquence aura assez de pouvoir pour faire renouveler à ces bonnes dames leur don patriotique, et pour forcer leurs brigands de maris aux oreilles droites à nous ouvrir leur bourse. — Et quant aux armes, dit le major Dalgetty, si Votre Seigneurie veut permettre à un vieux cavalier de lui donner son avis, un tiers seulement porterait des mousquets : mon arme favorite pour les autres serait la pique, soit pour résister aux charges de cavalerie, soit pour enfoncer l’infanterie. Un forgeron, le premier venu, vous fera cent fers de pique par jour ; il ne manque pas de bois ici pour faire des man-