mon pauvre château est à l’abri de pareilles craintes, quand même le major Dalgetty lui-même en ferait le siège. — Malgré cela, » répondit l’opiniâtre major, « je vous avertirais, en ami, d’élever un fort sur cette colline et de l’entourer d’un bon fossé, ce qui serait facile en faisant travailler les paysans du voisinage ; car, je vous l’assure, le valeureux Gustave-Adolphe savait aussi bien utiliser la pioche et la pelle que l’épée, la pique et le mousquet. Je vous conseillerais aussi de fortifier ledit fort, non-seulement par un fossé ou une tranchée, mais aussi par quelques estacades ou palissades. » Sir Duncan, ne pouvant plus modérer son impatience, quitta l’appartement ; et le major le suivit jusqu’à la porte en élevant la voix à mesure qu’il s’éloignait, jusqu’à ce qu’il ne pût plus s’en faire entendre. « Lesquelles palissades ou estacades auraient des angles rentrants, des meurtrières ou barbacanes pour la mousqueterie, afin de pouvoir éteindre le feu de l’ennemi… Brute de Higlander ! vraie brute de Higlander ! Ils sont orgueilleux comme des paons et obstinés comme des mulets. Il a perdu l’occasion de faire de son château une forteresse irrégulière tellement forte, qu’une armée ennemie se serait cassé les dents contre ses murs… Mais que vois-je ! » interrompit-il en regardant par la fenêtre qui donnait sur le précipice, » ils ont amené Gustave sain et sauf sur le rivage. Mon pauvre compagnon ! je reconnaîtrais le balancement de sa tête au milieu de tout un escadron. Il faut que j’aille voir ce qu’ils vont en faire. »
Il traversa la cour, et il s’apprêtait à descendre l’escalier, lorsque deux sentinelles, lui présentant leurs haches du Lochaber, lui firent entendre que c’était une entreprise dangereuse.
« Diavolo ! s’écria-t-il, et je n’ai pas le mot d’ordre. Je ne pourrais prononcer une syllabe de leur jargon sauvage, quand même il s’agirait d’échapper au grand-prévôt. — Je serai votre garantie, major Dalgetty, » dit sir Duncan qui s’était approché de lui sans qu’il s’en aperçût ; « nous irons ensemble voir comment on a traité votre coursier favori. »
Il lui fit donc descendre l’escalier jusqu’au rivage, puis ils tournèrent derrière un énorme rocher qui cachait les écuries et les autres bâtiments dépendant du château. Le major reconnut alors que l’approche du château du côté de la mer était rendue totalement impossible par un ravin naturel rendu plus escarpé encore à force de soin et de travail, et qu’on ne pouvait passer que sur un pont-levis. Néanmoins il soutint, malgré l’air triomphant avec