Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/444

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que le cousin de sir Duncan, au dixième ou au douzième degré. Mais le major ne put avoir une information positive sur ce sujet ni sur aucun autre, attendu qu’aucun de ses gardes, pas même le chef, ne parlait anglais. Le ritt-master était à cheval, et son escorte à pied ; mais l’agilité des Campbells était si grande, la route si mauvaise, et les obstacles qu’elle présentait à un voyageur à cheval si nombreux, que loin d’être retardé par la lenteur de leur marche, il avait plutôt de la peine à les suivre. Il observa qu’ils lui jetaient de temps à autre des regards d’attention, comme s’ils craignaient qu’il ne fît quelque tentative pour s’échapper ; et une fois qu’il était resté en arrière au passage d’un ruisseau, un des Campbells commença à préparer la mèche de son mousquet, lui donnant à entendre qu’il courait quelque risque s’il tentait de se séparer de leur compagnie. Dalgetty n’augura rien de bon de cette surveillance sévère à laquelle il était soumis ; mais il n’y avait pas de remède ; car essayer d’échapper à ses gardiens dans une contrée impraticable et inconnue aurait été un acte de folie. Tout en faisant ces réflexions, il s’avança patiemment à travers une vaste et sauvage solitude, suivant des sentiers qui n’étaient connus que des bergers et des voleurs de bestiaux, et passant avec plus de mécontentement que de satisfaction auprès de ces groupes de montagnes, de ces sites enchanteurs qui attirent maintenant des visiteurs de toutes les parties de l’Angleterre, qui viennent y repaître leurs yeux de la beauté des Highlands et mortifier leurs palais avec la chétive nourriture des Highlanders. À la fin ils arrivèrent sur le rivage méridional de ce magnifique lac sur lequel Inverary est situé. Le Dunniewassel sonna du cor de manière à faire retentir les rochers et les bois. À ce signal, une barque bien équipée, sortant d’une crique où elle était cachée, reçut les voyageurs à son bord, y compris Gustave. Cet intelligent quadrupède, voyageur expérimenté sur terre et sur mer, entra dans cette barque et en sortit avec la prudence d’un chrétien.

Parvenu au milieu du Loch Fine[1], Dalgetty aurait pu admirer un des plus imposants tableaux de la nature. Deux rivières rivales, l’Aray et le Shiray, sortant de leur retraite obscure et boisée, portent au lac le tribut de leurs eaux. Sur la pente douce et insensible qui commence au rivage, se voyait le noble et vieux château gothique, avec ses remparts et ses tours crénelées, ses cours intérieures et extérieures, et qui présentait un spectacle

  1. Le lac sur lequel est bâti Inverary. a. m.