Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/484

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vantage lorsqu’elle combattait contre les Highlanders. Ceux qui la composaient n’avaient plus la lance, arme qui, dans les mains de leurs ancêtres, avait si souvent repoussé les impétueuses attaques des montagnards : et ils étaient soumis à une espèce de discipline nouvelle et compliquée, fort utile sans doute pour des troupes régulières qu’on a le temps d’y dresser, mais qui ne servait qu’à répandre la confusion dans les rangs de soldats citoyens qui la pratiquaient rarement et la comprenaient à peine. De nos jours on a fait de si heureuses tentatives pour ramener la tactique à ses premiers principes, et pour secouer le pédantisme de la guerre, qu’il nous est facile d’apprécier les désavantages qu’avait une milice à demi disciplinée, qui envisageait le succès comme dépendant du plus ou moins de précision avec laquelle on suivait un système de tactique qu’elle comprenait assez pour savoir lorsqu’elle faisait des fautes, mais sans pouvoir cependant les réparer. L’on ne peut nier non plus que dans les points matériels, c’est-à-dire dans ce qui regarde l’habitude militaire et l’esprit belliqueux, les Lowlanders du dix-septième siècle ne fussent retombés bien au-dessous de leurs compatriotes les Highlanders.

Depuis les temps les plus anciens jusqu’à l’union des couronnes, tout le royaume d’Écosse, les Lowlands comme les Highlands, avait été le théâtre de guerres soit étrangères, soit domestiques ; et à peine y avait-il un seul de ses hardis habitants, entre seize et soixante ans, qui n’eut été prêt, autant par goût que pour obéir au vœu de la loi, à prendre les armes à la première sommation de son seigneur suzerain ou d’une proclamation royale. La loi était la même en 1645 qu’un siècle auparavant, mais la race de ceux qui y étaient soumis avait été élevée dans d’autres sentiments. Ils restaient assis tranquillement sous leurs vignes et leurs figuiers, et prendre les armes leur paraissait un changement de vie aussi nouveau que désagréable. Ceux d’entre eux qui habitaient plus près des Highlands étaient continuellement en querelle, et à leur désavantage, avec les habitants turbulents de ces montagnes qui leur enlevaient leurs troupeaux, pillaient leurs habitations, insultaient leurs personnes, et avaient acquis sur eux cette supériorité que donne un système constant d’agression. Les autres, c’est-à-dire ceux qui étaient plus éloignés et à l’abri de ces déprédations, étaient intimidés par les bruits exagérés qui couraient sur les Highlanders, que par cela même qu’ils différaient d’eux par leurs lois, par leur langage, par leur habillement,