Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/485

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ils étaient portés à regarder comme un peuple de sauvages également inaccessibles à la crainte et à l’humanité. Ces différents préjugés, joints aux habitudes peu guerrières des Lowlanders et à leur imparfaite connaissance du nouveau et compliqué système de discipline contre lequel ils avaient changé leur première manière de combattre, leur donnaient un grand désavantage lorsqu’ils en venaient aux mains avec les Highlanders. Ceux-ci, au contraire, possédaient, avec les armes et le courage de leurs pères, leur tactique simple et naturelle, et se précipitaient avec la plus grande confiance sur un ennemi pour lequel la nouvelle discipline était ce que l’armure de Saül était pour David, « un embarras plutôt qu’un secours. »

Ce fut dans un tel état de choses, qui balançait la supériorité du nombre et le manque d’artillerie et de cavalerie, que Montrose rencontra l’armée de lord Elcho dans les plaines de Tippermuir. Les membres du clergé presbytérien avaient employé toute leur influence pour relever le courage de leurs partisans, et l’un d’eux, qui harangua les troupes le jour de la bataille, n’hésita pas à dire que Dieu lui même parlait par sa bouche, et leur promit, en son nom, qu’ils remporteraient ce jour-là une victoire complète et signalée. L’artillerie et la cavalerie étaient aussi regardées comme des garanties de succès, car la nouveauté de leur attaque avait, en des occasions antérieures, porté le découragement dans les rangs des Highlanders. Le champ de bataille était une plaine de bruyères, et le terrain n’offrait aucun avantage ni à l’un ni à l’autre des deux partis, si ce n’est qu’il permettait à la cavalerie des covenantaires d’agir avec efficacité.

Jamais bataille dont le résultat fût plus important ne fut si facilement décidée. La cavalerie des Lowlanders fit une charge, mais, soit qu’elle ne pût soutenir le feu de la mousqueterie, soit qu’elle ne combattît pour la cause du Covenant qu’avec répugnance, elle fut bientôt en désordre, et se retira sur l’infanterie, qui n’avait ni baïonnettes ni piques pour la protéger. Montrose s’aperçut de cet avantage et en profita sur-le-champ. Il donna ordre à toute son armée de charger, ce que ses troupes exécutèrent avec cette valeur sauvage et déterminée qui caractérise les Highlanders. Un seul officier des covenantaires, formé dans les guerres d’Italie, opposa, à l’aile droite, une défense désespérée. Sur tous les autres points la ligne fut enfoncée au premier choc ; et, cet avantage une fois obtenu, les Lowlanders ne purent soutenir le com-