Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/488

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formidable, parce qu’on ne pouvait plus douter qu’il ne fût à la tête d’une armée trop supérieure en nombre pour qu’il fût possible de lui résister.

Il ne restait à Montrose qu’une manière d’opérer sa retraite, et il l’adopta. Il se jeta dans les montagnes, où il pouvait défier toutes les poursuites, et où il était sûr, dans chaque vallon, de retrouver ces recrues qui avaient quitté son étendard pour aller déposer leur butin dans leurs retraites natales. Ainsi donc, tandis que le caractère de l’armée que commandait Montrose rendait, en quelque sorte, sa victoire nulle, il le mettait d’un autre côté à même, dans les circonstances les plus désavantageuses, d’assurer sa retraite, de recruter ses forces et de se rendre plus formidable que jamais à l’ennemi auquel, peu de temps avant, il avait été dans l’impossibilité de tenir tête.

Dans la circonstance actuelle, il entra dans le Badenoch, et traversant rapidement ce district, ainsi que le comté d’Athol qui y confine, il répandit l’alarme parmi les covenantaires par des attaques inattendues sur divers points. La terreur fut si grande, que le parlement dépêcha courrier sur courrier à Argyle, son général, pour lui donner l’ordre d’attaquer et de disperser l’armée de Montrose à quelque prix que ce fût.

Ces ordres ne convenaient ni à l’esprit altier ni à la politique lente et circonspecte du noble seigneur auquel ils étaient adressés. Il n’y fit donc aucune attention et borna tous ses efforts à gagner par ses intrigues les partisans que Montrose comptait dans les Lowlands, parmi lesquels bon nombre reculaient devant les dangers et les fatigues d’une campagne dans les Highlands, tandis que leurs biens resteraient à la merci des covenantaires. En effet, plusieurs d’entre eux quittèrent le camp de Montrose. Mais bientôt ce général fut joint par un corps de troupes dont le caractère convenait mieux à ses desseins et qui étaient plus capables de le seconder dans la position où il se trouvait. Ce renfort consistait en un corps nombreux de Highlanders que Colkitto, envoyé à cet effet, avait levé dans l’Argyleshire. Parmi les plus distingués se trouvaient John de Moidart, appelé le capitaine du clan Ranald, les Stuarts d’Alpin, le clan Gregor, le clan Mac Nab, et autres tribus moins considérables.

L’armée de Montrose se trouva dès-lors si formidable, qu’Argyle ne voulut pas conserver plus long-temps le commandement des troupes opposées au chef royaliste : il retourna à Édimbourg,