Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/508

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projets que leur intrépidité leur inspirait : il fut donc convenu que, malgré l’augmentation de leurs forces, ils continueraient le même plan d’opération, et suivraient Montrose avec précaution, de quelque côté qu’il se dirigeât vers le nord-est, en évitant toujours d’en venir à un engagement jusqu’à ce que l’occasion se présentât de tomber sur son arrière-garde, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il fût aux prises avec les forces qu’il allait trouver devant lui.






CHAPITRE XVIII.

argyle se retire.


Le chant de guerre du noir Donald, le cri de guerre de Donald-le-Noir, les cornemuses résonnent, et la bannière est déployée pour le rendez-vous d’Inverlochy.
Pibroch de Donald, chant gaélique.


La route militaire qui unit la chaîne des Forts, comme on l’appelle, et qui est construite dans la direction générale du canal calédonien, a maintenant ouvert complètement la grande vallée qui traverse la totalité de l’île, et qui jadis ressemblait bien moins à une vallée qu’à un vaste bas-fond couvert par les eaux de la mer. On y trouve encore des bassins qui fournissent de l’eau à cette longue suite de lacs au moyen desquels l’art est parvenu à joindre l’Océan germanique à l’Océan atlantique. En 1645 et 1646, les sentiers tracés par les montagnards pour traverser cette vallée étendue étaient encore dans le même état lorsqu’un Irlandais, officier de génie, entreprit de les transformer en routes praticables. Il existe même à ce sujet un poème, qui commence et se termine ainsi :

« Si vous eussiez connu ces différents chemins
Avant que Wade eût pu les rendre praticables,
Vous eussiez, vers les cieux élevant les deux mains,
Célébré par vos chants ses travaux mémorables. »

Toutefois, le danger qu’offraient ces chemins détermina Montrose à les éviter, et il conduisit son armée, comme un troupeau de daims sauvages, de montagnes en montagnes et de forêts en forêts, ce qui laissa ses ennemis dans l’ignorance absolue de ses mouvements, tandis que lui, au contraire, était informé de leurs moindres mouvements, par les clans de Cameron et de Mac-Donnell, ses alliés, dont il traversait alors le pays. Les ordres les plus sévères avaient été donnés par lui pour qu’on épiât attentivement la marche d’Argyle, et pour que toute nouvelle qui pût l’intéresser lui fût communiquée à l’instant même.