Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/512

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mins impraticables ; s’il se dirigeait vers l’est, il rencontrerait Urrie et Baillie ; s’il tournait vers le nord, il tomberait entre les mains de Seaforth ; enfin, en quelque endroit qu’il s’arrêtât pour faire halte, il s’exposait à être attaqué par trois armées à la fois.

« Je ne saurais me réjouir, milord, dit Auchenbreck, en songeant que James Gratham peut être vaincu par d’autres que par nous. Il a laissé dans le comté d’Argyle un compte terrible à régler, et je brûle d’impatience de m’acquitter envers lui, et de lui rendre, goutte par goutte, tout le sang qu’il a répandu. Je n’aime pas à charger un tiers du paiement d’une pareille dette. — Vous êtes trop scrupuleux, dit Argyle ; qu’importe par quelles mains le sang des Grahams soit répandu ! Il est temps que celui des enfants de Diarmid cesse de couler. Qu’en dites-vous, Ardenvohr ? — Je pense, milord, répondit sir Duncan, qu’Auchenbreck sera bientôt satisfait, et qu’avant peu il trouvera l’occasion de régler personnellement ses comptes avec Montrose et saura le punir de ses déprédations. Le bruit est venu jusqu’à nos avant-postes que les Camerons s’assemblent sur les frontières du Ben-Nevis. C’est sans doute avec l’intention de se joindre à Montrose, qui s’avance de ce côté, et non pour couvrir sa retraite. — C’est probablement, reprit Argyle, quelque projet de dévastation et de pillage imaginé par la haine invétérée de Mac Ilduy, haine qu’il qualifie de loyauté. Il ne peut méditer tout au plus qu’une attaque sur nos avant-postes, ou projeter de nous harceler demain pendant notre marche. — J’ai envoyé à la découverte dans toutes les directions, dit sir Duncan et nous apprendrons bientôt si réellement ils rassemblent quelques troupes, dans quel but, et sur quel point ils se portent. »

Il s’écoula beaucoup de temps avant qu’aucunes nouvelles leur parvinssent ; ce ne fut qu’après le lever de la lune qu’on rembarqua une agitation extraordinaire dans le camp, et aussitôt on annonça au château l’arrivée d’une nouvelle importante. Plusieurs des coureurs envoyés d’abord par Ardenvohr étaient revenus sans avoir pu recueillir d’autres renseignements que quelques bruits incertains sur les mouvements qui se manifestaient dans le pays des Camerons : on eût dit que des montagnes du Ben-Nevis sortaient des sons étranges et effrayants semblables au bruit qui s’y fait entendre à l’approche d’un violent orage. D’autres, que leur zèle avait entraînés à dépasser les ordres qu’ils avaient reçus, avaient été surpris et faits prisonniers, ou tués par les habitants des défilés redoutables dans lesquels ils s’étaient efforcés de pé-