Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/520

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en répondant à la menace d’Allan d’un ton non moins menaçant, il est plus vraisemblable que ce sera toi qui mourras de la mienne. Et à ces mots, il lui porta un coup avec tant de rapidité que Mac-Aulay eut à peine le temps de le parer avec son bouclier.

« Traître ! dit Allan, que signifie cela ? — Je suis Ranald du Brouillard, » répondit l’homme de l’île en lui portant un nouveau coup ; et alors s’engagea entre eux un combat furieux. Mais le ciel semblait avoir décidé qu’Allan Mac-Aulay vengerait sur cette tribu sauvage les outrages faits à sa mère, comme parut le confirmer l’issue de ce combat et celle des précédents. Après s’être porté réciproquement plusieurs coups, Ranald, blessé au crâne, fut terrassé, et Mac-Aulay, mettant le pied sur lui, parut prêt à lui passer sa claymore au travers du corps, lorsque la pointe en fut détournée par un tiers qui intervint tout à coup.

Ce n’était rien moins que le major Dalgetty, qui, étourdi par la chute de son cheval, et embarrassé par le poids du corps de cet animal, était enfin parvenu à dégager ses jambes et à reprendre ses sens.

« Retenez votre épée, dit-il à Mac-Aulay, et ne faites point de mal à cet homme ; il est sous ma sauvegarde et au service de Son Excellence ; et sachez que nul soldat, s’il veut se conduire honorablement, n’a le droit, d’après la loi martiale de venger ses injures personnelles, flagrante bello, mullo magis flagrante prœlio[1]. — Insensé, s’écria Allan, retirez-vous, et n’ayez point la témérité de vous placer entre le tigre et sa proie. »

Mais, loin de faire cas de cette observation, Dalgetty, placé devant le corps de Mac-Eagh, fit entendre à Allan que, s’il se donnait le nom de tigre, il pourrait bien, chemin faisant, rencontrer un lion. Le geste et le regard du défi étaient plus que suffisants pour faire tourner la fureur du guerrier-prophète contre celui qui osait s’opposer au cours de sa vengeance, et, sans plus de cérémonie, le combat recommença entre eux deux.

Ceux qui entouraient Allan et Mac-Eagh n’avaient fait nulle attention à la rixe survenue entre eux, car le dernier n’était connu que d’un très-petit nombre des partisans de Montrose ; mais le combat d’Allan et de Dalgetty, tous deux si bien connus, attira heureusement l’attention de chacun, et même de Montrose lui-même, qui arrivait en ce moment pour rassembler son petit corps de cavalerie et continuer à poursuivre les fuyards en se dirigeant vers

  1. En temps de guerre plus encore pendant le combat. a. m.