Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/522

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pauvre Gustave dort au champ d’honneur comme le vaillant héros dont il porte le nom ; et me voilà fait chevalier, précisément au moment où je n’ai plus de cheval. — Il n’en sera pas ainsi, répondit Montrose ; je vous fais présent de mon cheval, qui passe pour bon ; à présent ne songez plus à autre chose qu’aux devoirs que vous avez à remplir et dont vous savez si bien vous acquitter. »

Sir Dugald, après avoir témoigné sa reconnaissance, monta sur le coursier qui venait de lui être si généreusement donné ; et après avoir supplié Son Excellence de se rappeler que Mac-Eagh était sous sa sauvegarde, il se mit en devoir d’exécuter les ordres qu’il avait reçus avec tout le zèle et l’empressement dont il était capable.

« Et vous, Allan Mac-Aulay, » dit Montrose en s’adressant au montagnard qui, appuyant la pointe de son sabre contre terre, avait regardé en silence et avec le sourire du mécontentement et du mépris la cérémonie qui avait conféré l’ordre de chevalerie à son antagoniste ; « vous, si supérieur aux hommes ordinaires, qui ne se laissent guider que par de vils motifs d’intérêt, de pillage et de distinction personnelle ; vous dont les connaissances profondes vous rendent si précieux dans un conseil, est-ce bien vous que je trouve se querellant avec un homme tel que ce Dalgetty, pour le misérable privilège d’arracher un reste de vie à un ennemi aussi méprisable que celui qui est étendu là ! Venez, mon ami, venez, j’ai à vous charger de soins importants. Cette victoire, si nous savons en profiter habilement, entraînera nécessairement Seaforth dans notre parti. Ce n’est point par déloyauté, mais parce qu’il désespérait de la bonne cause, qu’il s’est armé contre nous ; cette circonstance favorable le déterminera sans doute à embrasser notre cause. Je lui dépêche à cet effet de ce champ de bataille mon vaillant ami, le colonel Hay ; mais il doit être accompagné d’un chef montagnard d’un rang égal à celui de Seaforth, et qui ait des talents et une influence assez remarquables pour faire assez d’impression sur lui. Vous êtes non seulement, sous tous les rapports, l’homme le plus en état de remplir cette mission importante, mais, en outre, n’ayant pas de commandement immédiat, votre présence ici est moins nécessaire que celle d’un chef dont les vassaux combattent sur le champ de bataille. Tous les passages, toutes les vallées des montagnes, ainsi que les mœurs et les usages de chaque tribu, vous sont familiers : allez donc rejoindre le colonel Hay qui occupe l’aile droite ; il a ses instructions et il vous attend ; vous le