Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/546

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eut avec le chevalier d’Ardenvohr, lui demanda la main de sa fille. Sir Duncan était informé de leur attachement mutuel, mais il n’était pas préparé à une déclaration si prompte de la part de Menteith. Il répondit d’abord qu’il s’était peut-être trop abandonné à la joie que lui causait son bonheur dans un moment où son clan venait d’éprouver une défaite si complète et si humiliante, et qu’il sentait une sorte de répugnance à songer, au milieu de tant de calamités, à l’agrandissement de sa famille. Menteith insista avec toute l’ardeur de la jeunesse et de l’amour, et sir Duncan lui demanda quelques heures de réflexion, désirant d’ailleurs consulter sa fille sur une question aussi importante.

Le résultat de cette conversation et des délibérations fut tout à fait favorable à Menteith. Sir Duncan se convainquit que le bonheur de sa fille dépendait entièrement de cette union, et lui-même reconnut que si on ne la formait pas à l’instant même, Argyle ne manquerait pas d’y mettre des obstacles. Le caractère de Menteith était si noble et si beau ; son rang, sa fortune, sa famille, la considération dont elle jouissait, tout enfin était si convenable, que sir Duncan oublia presque la différence de leurs opinions politiques. D’ailleurs, quand bien même il aurait considéré ce mariage sous un point de vue moins avantageux, il n’aurait pu se résoudre à contrarier les désirs de sa fille, le seul enfant qui lui restât, et sur qui se reportaient toutes ses espérances. Outre toutes ces considérations, un sentiment d’orgueil influa aussi sur cette détermination : produire dans le monde l’héritière d’Ardenvohr comme une jeune fille élevée comme par charité dans la famille de Darnlinvarach, était une idée humiliante pour lui ; tandis que la présenter comme l’épouse du comte de Menteith et comme ayant fixé son attachement, malgré son obscurité, était prouver au monde que dans tous les temps elle avait été digne du rang auquel elle se trouvait élevée.

Toutes ces considérations déterminèrent donc sir Duncan Campbell à consentir que les deux amants fussent mariés dans la chapelle du château, et sans différer, par le chapelain de Montrose. Mais il fut convenu que lorsque Montrose partirait d’Inverlochy, ce qui devait avoir lieu dans peu de jours, la jeune comtesse suivrait son père au château d’Ardenvohr, où elle resterait jusqu’à ce que les événements politiques permissent à Menteith de se retirer du service sans manquer à l’honneur. La résolution de sir Duncan une fois prise, il refusa d’écouter les scrupules de