Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/549

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nière dont Allan serait informé de ce qui se passait, l’opinion générale, ajouta-t-il, est qu’il a d’autres sources d’informations que les voies ordinaires, et je ne serais pas surpris de le voir arriver beaucoup plus tôt qu’on ne s’y attend. »

La promesse qu’il n’interviendrait point dans cette affaire fut tout ce que Montrose put obtenir d’Angus, qui était cependant d’un caractère doux et conciliant toutes les fois que son orgueil, son intérêt ou ses préjugés n’étaient pas mis en jeu dans une affaire. Les choses en restèrent là pour le moment.

Un témoin beaucoup mieux disposé à figurer à la cérémonie du mariage, et surtout au festin, fut, comme on le doit bien penser, sir Dugald Dalgetty, que Montrose crut devoir inviter, attendu qu’il avait été admis à la confidence de toutes les circonstances précédentes. Cependant sir Dugald parut hésiter : il regardait les coudes de son justaucorps et les genoux de ses culottes de peau, et répondit avec une sorte de répugnance : « Avant d’accepter, il faut que je consulte le noble fiancé. » Montrose fut assez surpris de cet air singulier ; mais dédaignant d’en témoigner son mécontentement, il quitta sir Dugald.

Ce dernier se rendit à l’instant à l’appartement du fiancé qui, au milieu de sa garde-robe ordinairement assez peu complète dans un camp, cherchait les vêtements qui pouvaient le mieux convenir à la cérémonie. Sir Dugald étant entré, lui fit de l’air le plus grave un compliment de félicitation sur l’accomplissement de son bonheur, dont, à son grand regret, ajouta t-il en soupirant, il ne pourrait être témoin.

« Et pourquoi serions-nous privés de votre présence, major ? Montrose vous a invité, je crois ? — Certainement, milord, certainement ; mais, de bonne foi, je ne pourrais faire honneur à la cérémonie avec des habits déchirés, des reprises et des pièces. Un fantôme tel que moi, au milieu de convives en habits de fête, serait d’un mauvais présage pour la continuité de votre bonheur conjugal. Et à dire vrai, milord, une partie du blâme pourrait retomber sur vous, attendu que vous m’avez envoyé beaucoup trop tard sur le champ de bataille pour y chercher un justaucorps de buffle qui était devenu déjà la proie des Camerons : autant aurait-il valu m’envoyer retirer une livre de beurre frais de la gueule d’un dogue. Pour toute réponse, milord, ils tirèrent leurs poignards et leurs claymores, et me firent entendre une espèce de grognement et de baragouin qu’ils appellent leur langage, et