Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/131

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Armes du bouclier, de l’arc et de la lance,
À travers la forêt, la rivière et les champs,
Ils chevauchaient, remplis de rage et de vaillance,
Ravageaient les guérêts, les seigles jaunissants.
« Il vaudrait mieux, disait John Uponland lui-même,
Voir le diable sur nous attirer l’anathème. »

Christie de Glint-Hill, le cavalier qui venait d’arriver à la petite tour de Glendearg, était un des membres de cette compagnie pleine d’espérance, comme l’indiquaient ses épaulières de fer, ses éperons rouillés et sa longue lance. Une sorte de casque de fer assez peu brillant était orné d’un brin de houx, marque distinctive de la famille d’Avenel ; une épée droite et à double tranchant, dont la poignée était en bois de chêne poli, pendait à son côté. L’état de maigreur du cheval et l’air farouche et pauvre du cavalier indiquaient que leur occupation n’était ni agréable ni lucrative. Il salua la dame Glendinning avec peu de courtoisie et le moine moins poliment encore ; car le manque de respect envers les ordres religieux avait pénétré dans cette classe d’hommes déréglés, bien que l’on puisse supposer que ces gens-là étaient passablement indifférents pour les nouvelles comme pour les anciennes doctrines.

« Ainsi donc notre lady est morte, dame Glendinning, dit le jackman, justement mon maître lui envoyait un bœuf gras pour sa provision d’hiver ; mais il pourra servir pour le repas des funérailles. Je l’ai laissé là haut sur la colline ; on pourra facilement le reconnaître, car il est marqué sur la peau et la tête. Plus tôt il sera dépouillé et salé, plus tôt vous serez à l’abri de tout embarras, vous m’entendez. Donnez-moi une mesure d’avoine pour mon cheval, et du bœuf et de la bière pour moi-même, car il faut que j’aille jusqu’au monastère, bien qu’il me semble que ce moine pourrait faire ma commission.

— Ta commission ? rustre, » dit le sous-prieur en fronçant le sourcil.

« Pour l’amour de Dieu ! » dit la dame Glendinning épouvantée à l’idée d’une querelle entre ces deux personnages ; ô Christie ! c’est le sous-prieur. Ô mon révérend père ! c’est Christie Clint-Hill, le chef des jackmen de Julien Avenel ; vous savez qu’on ne peut rien attendre de bien courtois de pareils gens.

— Êtes-vous de la suite du seigneur d’Avenel ? » dit le moine s’adressant au cavalier ; « et osez-vous parler aussi grossièrement