Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/144

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cuisine du couvent une belle et forte tranche de roast-beef et une bonne mesure de double ale. »

Les vassaux se dispersèrent en poussant des acclamations de joie, et les moines, également satisfaits, conduisirent le sous-prieur au réfectoire.


CHAPITRE X.



Nous voici, sans blessure et bien portant, le grand nom de Dieu en soit à jamais béni ! comme auparavant, avant que la trahison eût dirigé sa lance contre nous.
Decker.


En entrant dans le réfectoire, conduit par ses confrères joyeux de son retour, la première personne qui attirâtes regards du sous-prieur fut Christie-Clint-Hill. Il était assis au coin de la cheminée, chargé de fers et entouré d’une garde. Ses traits avaient pris cet air de résignation sombre et farouche avec laquelle les gens endurcis dans le crime ont coutume de regarder leur châtiment. Mais lorsque le sous-prieur fut tout près de lui, sa figure prit une expression d’égarement et d’épouvante, et il s’écria : « Le diable, le diable lui-même, ramène les morts parmi les vivants !

— Ce n’est pas cela, lui dit un moine ; dis plutôt que Notre-Dame déjoue les complots des méchants contre ses fidèles serviteurs. Notre bien-aimé frère vit et se meut.

— Vit et se meut ! » dit le brigand tâchant d’approcher du sous-prieur, autant que ses chaînes le permettaient. « Eh bien ! s’il en est ainsi, je ne me fierai plus ni à flèche aiguë, ni à pointe acérée… C’est réellement vrai, » ajouta-t-il en fixant sur le sous-prieur des regards stupéfaits ; « ni blessure, ni égratignure !… pas même une déchirure à son froc !

— Et d’où me viendrait une blessure ? demanda le père Eustache.

— De la bonne lance qui ne m’avait jamais manqué jusqu’à ce jour.

— Que le ciel te pardonne un pareil dessein ! aurais-tu voulu tuer un serviteur de l’autel ?

— Voire ! Les hommes du comté de Fife disent que, quand