Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/186

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moisi, avec de longs cheveux noirs tombant par-dessous, et de la barbe au-dessus de sa lèvre supérieure, tandis que son menton est bien rasé ; il est revêtu d’un justaucorps bleu, bordé et doublé de satin blanc, avec des chausses assorties, et n’a sur lui d’autre arme qu’une petite épée et un poignard. Son épée est une arme si légère et si jolie, que si j’étais homme, je ne voudrais jamais en porter d’autre ; je ne voudrais pas me charger d’une charretée de fer, comme mon père, qui n’aime que sa claymore avec sa grande poignée rouillée et faite en forme d’anse de panier. Ne préférez-vous pas une épée légère et un poignard, madame ?

— La meilleure épée, répliqua Marie, si je dois répondre à une semblable question, est celle qui est tirée pour la meilleure cause, et dont on se sert le mieux lorsqu’elle est hors du fourreau.

— Mais ne pouvez-vous pas deviner quel est cet étranger ? dit Mysie.

— En vérité, je ne puis même l’essayer ; mais à en juger par son compagnon, il m’importe peu de savoir qui il est, répondit Marie.

— Béni soit sa bonne figure, dit Mysie, s’il ne met pas pied à terre ici ! Maintenant je suis aussi contente que si mon père m’avait donné les boucles d’oreilles d’argent qu’il m’a promises. Mais, venez donc à la croisée ; car, que vous le vouliez ou non, vous serez obligée de le voir bientôt. »

On peut croire que Marie Avenel aurait avancé plus tôt vers le lieu d’observation, si elle n’en avait été empêchée par l’excès de curiosité qui tourmentait sa joyeuse compagne ; mais enfin satisfaite d’avoir déployé toute l’indifférence qu’exigeait le décorum, elle crut qu’elle pouvait lâcher la bride à sa propre curiosité.

Elle aperçut Christie de Clint-Hill suivi d’un cavalier beau et élégant ; ce dernier, à en juger par la noblesse de ses manières, par la richesse élégante de ses vêtements et la beauté remarquable de son cheval, devait être, ainsi qu’elle en tomba d’accord avec sa nouvelle amie, un personnage de quelque importance.

Christie semblait croire qu’il pouvait appeler avec plus d’insolence qu’à son ordinaire : « Hola ! ho ! la maison ! maudits paysans, ne me répondra-t-on pas quand j’appelle ? Ho, Martin ! Tibb, dame Glendinning ! que la malédiction tombe sur vous, devons-nous rester ici à garder au froid nos chevaux tout couverts de sueur, après avoir couru si vite ? »

Enfin il fut entendu, et le vieux Martin parut. « Ha ! dit Christie, te voilà, vieux bonhomme ? Ici, mets-moi ces chevaux à l’écurie,