Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/199

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veille, les bras croisés de la même manière, les yeux tournés vers la même toile d’araignée, et les talons appuyés sur le plancher comme le jour précédent. Fatigué de cette affectation d’indolente importance, et peu flatté de l’obstination de son hôte à y demeurer Halbert se décida enfin à lui parler net sur cette manière d’agir, et à lui demander quelles circonstances avaient conduit à la tour de Glendinning un hôte à la fois si fier et si muet.

« Sir chevalier, » dit-il avec assurance, « je vous ai deux fois souhaité le bonjour, ce à quoi votre absence d’esprit vous a sans doute empêché de répondre. Vous n’êtes pas forcé de rendre politesse pour politesse. Mais comme ce que j’ai encore à vous dire concerne votre satisfaction et votre bien-être, je vous invite à me donner quelques signes d’attention, afin que je sois sûr de ne pas prodiguer mes paroles à une figure de marbre »

À cette apostrophe inattendue, sir Piercy Shafton détourna les yeux du plafond, et jeta sur celui qui lui parlait un regard de surprise ; mais comme Halbert lui rendit son regard sans confusion et sans crainte, le chevalier crut convenable de changer d’attitude, il retira ses jambes, fixa les yeux sur le jeune Glendinning et prit l’air de quelqu’un qui prête attention à ce qui lui est dit. Pour montrer mieux encore sa résolution, il daigna prononcer ces mots : « Parlez, nous écoutons.

— Sir chevalier, dit le jeune homme, ce n’est pas l’usage dans le saint patrimoine de rien demander aux hôtes à qui nous accordons l’hospitalité, pourvu qu’ils ne s’arrêtent dans notre maison que durant l’espace de temps qui s’écoule du soleil du jour au soleil du lendemain. Nous savons que les débiteurs et les criminels viennent ici comme dans un sanctuaire, et nous rougirions d’arracher au pèlerin, que le hasard peut faire notre hôte, l’aveu de la cause de son pèlerinage et de sa pénitence ; mais lorsqu’une personne d’un rang si supérieur au nôtre, ainsi que vous l’êtes, sir chevalier, surtout quand cette prééminence ne lui est pas indifférente, montre la ferme résolution de demeurer long-temps avec nous, nous sommes dans l’habitude de l’inviter à nous instruire d’où il vient et quelle est la cause de son voyage ? »

Le chevalier anglais bâilla deux ou trois fois avant de répondre, et répliqua d’un ton railleur : « Vraiment, bon villageois, ta demande a en elle-même quelque chose d’embarrassant ; car tu m’interroges sur un sujet pour lequel je n’ai pas encore déterminé ce qu’il est convenable de répondre. Qu’il te suffise, jeune