Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/226

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à sa fille unique cinq cents livres d’argent écossais, et qu’il l’a mariée au bailli de Pittenweem[1]. »

Au même instant, et tandis qu’Halbert était embarrassé pour trouver sa réponse, un daim traversa le chemin en bondissant. Aussitôt le jeune homme appuya son arbalète sur son épaule, le trait siffla, et le daim, après avoir fait encore un bond, tomba mort sur le gazon.

« Voici la venaison dont dame Elspeth a besoin, dit Martin : qui aurait pensé qu’un daim des hautes terres descendrait dans cette saison si près de la vallée ? Il est superbe, et a trois pouces de lard sur la poitrine. Cela vient de votre bonheur, Halbert, qui vous suit maintenant partout. Si vous le vouliez, je garantis que vous seriez promu à la place de garde-chasse ou de piqueur de l’abbé ; et aussi bien que le plus fier d’entre eux, vous monteriez à cheval revêtu d’un justaucorps couleur de pourpre.

— Tais-toi, mon brave homme, répondit Halbert, je veux servir la reine ou personne. Aie soin de porter ce gibier à la tour, puisqu’on attend ; j’irai jusqu’au marais ; j’ai deux ou trois flèches à ma ceinture, et il se pourrait faire que je trouvasse des oies sauvages. »

Il pressa le pas et disparut bientôt. Martin s’arrêta un moment, en le regardant : « Voilà de quoi faire un très-brave garçon si l’ambition ne le perd pas : servir la reine ! dit-il ; par ma foi, elle a de plus mauvais serviteurs. d’après tout ce que j’en ai entendu dire. Et pourquoi ne tiendrait-il pas la tête haute ? Celui qui veut atteindre le sommet de l’échelle montera au moins quelques échelons. Celui qui vise à une robe d’or en attrapera toujours une manche. Mais viens, mon camarade, s’adressant au daim ; tu iras à Glendearg sur mes deux jambes un peu plus lentement que lorsque tu gambadais tout à l’heure sur tes quatre pieds agiles. Mais, par ma foi, puisque tu es si pesant, je me contenterai de prendre ce qu’il y a de meilleur, c’est-à-dire, la hanche et les nombles ; je placerai le reste sous le vieux chêne, et le viendrai chercher avec l’un de nos chevaux. »

Tandis que Martin, chargé de la venaison, dirigeait ses pas vers Glendearg, Halbert poursuivait sa marche, respirant plus à son aise depuis qu’il était délivré de son compagnon. « Domestique d’un prêtre orgueilleux et fainéant ! valet de chambre de l’arche-

  1. Petite ville d’Écosse, dans le comté de Fife. a. m.