Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/243

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sous une couleur brune, qui couvrait le cou, le front et les joues ; seulement sur ces dernières, une teinte légère de pourpre se confondait avec le hâle.

Les yeux d’Halbert étaient la partie la plus remarquable de son visage ; ils étaient grands, bruns, et lorsqu’ils s’animaient, ils semblaient lancer des étincelles. La nature avait bouclé ses cheveux noirs, ce qui embellissait sa figure et lui donnait un air fier et animé, tout différent de celui qu’on eût supposé à un homme de son rang, et dont jusqu’ici les manières avaient été timides et même gauches.

L’habillement d’Halbert n’était certainement pas d’une forme à relever ses avantages personnels. Sa jaquette et son bonnet étaient d’une étoffe de laine commune dont se servent les gens de la campagne. Une ceinture entourait sa taille, et servait en même temps à soutenir une large épée ; cinq ou six flèches y étaient en outre enfoncées perpendiculairement à côté d’un poignard à manche de corne ; nous ne devons pas oublier que, pour compléter sa toilette, il portait d’amples bottines de daim, faites de manière à pouvoir se tirer à volonté jusqu’au-dessus du genou, ou retomber plus bas que le mollet ; elles étaient pareilles à celles des gens dont l’occupation principale ou le plus grand plaisir était la chasse, parce que ces bottines protégeaient les jambes contre les halliers épineux qu’on pouvait rencontrer en poursuivant le gibier.

Il n’est pas si aisé de décrire l’état du cœur du jeune Glendinning, lorsqu’il fut soudain jeté dans la compagnie de ceux que son éducation lui avait appris à traiter avec crainte et respect. Le degré d’embarras que son maintien laissait apercevoir n’avait rien de déconcerté ni de servile. C’était seulement ce que devait éprouver un jeune homme altier, aventureux et hardi, mais totalement sans expérience, qui, pour la première fois, allait penser et agir par lui-même dans une société qui lui était à peu près étrangère. Il n’y avait rien dans sa tenue qu’un ami sincère eût désiré faire disparaître.

Il fléchit le genou et baisa la main de l’abbé, ensuite se relevant et reculant de deux pas, il salua respectueusement le cercle qui était autour de lui ; il sourit avec grâce à un signe d’encouragement que lui fit le sous-prieur, le seul qu’il connût personnellement, et rougit en rencontrant l’œil inquiet de Marie Avenel qui attendait avec un intérêt mêlé de crainte ce qu’on déciderait de son frère de lait. Revenu du trouble passager dans lequel ce regard