Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/310

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austérité de vertu lui semblait être en religion ce que la chevalerie exige d’un guerrier accompli, un sacrifice absolu de soi-même et de ses volontés, et une combinaison de toutes les facultés énergiques de l’esprit humain pour s’acquitter de la tâche que le devoir commande.

Halbert touchait à cette époque de la vie où le cœur s’ouvre aux émotions généreuses, et sait mieux les apprécier dans les autres, il sentait, quoiqu’il s’en rendît à peine raison, que le salut de cet homme, hérétique ou catholique, l’intéressait au plus haut degré. La curiosité se mêlait chez lui au sentiment ; tout le portait à admirer cette doctrine, et à connaître plus à fond une croyance qui portait ses ministres à renoncer à eux-mêmes, à se dévouer à la mort comme d’héroïques champions. À la vérité, ils prenaient exemple sur les saints et les martyrs des premiers âges qui avaient bravé pour la foi, des tourments horribles et la mort ; mais cet esprit d’enthousiasme s’était long-temps endormi dans les cœurs indolents et lâches de leurs successeurs, et leurs aventures, ainsi que celle des chevaliers errants, se lisaient aujourd’hui plutôt comme un sujet d’amusement que d’édification. Une nouvelle impulsion était nécessaire pour ranimer le zèle religieux, et cette impulsion s’opérait maintenant en faveur d’une religion épurée ; Halbert avait rencontré pour la première fois un des plus sincères et des plus dévoués apôtres de la réforme.

La pensée qu’il était lui-même prisonnier de ce tyran farouche ne diminuait nullement l’intérêt du jeune homme pour le sort de son compagnon d’infortune ; dès ce moment il résolut d’imiter son courage, et fit serment que jamais menaces ni tortures ne le forceraient à servir un pareil maître. La possibilité de s’évader s’offrit alors à son esprit, et, quoiqu’avec bien peu d’espérance, Glendinning se mit à examiner avec attention la fenêtre de sa chambre. Elle était située au premier étage, et pas assez loin du roc, sur lequel le château était bâti, pour qu’un homme hardi et adroit ne pût, sans beaucoup de difficulté, descendre sur une pointe du roc qui s’avançait sous la fenêtre, et de là s’élancer dans le lac qui était devant ses yeux, au bas du château, et dont les eaux, bleues et claires comme un miroir, réfléchissaient la paisible lumière de la pleine lune par une belle nuit d’été. « Si seulement j’avais un pied sur cette pointe, » se disait en lui-même Glendinning, « Julien Avenel et Christie m’auraient vu pour la dernière fois. »