Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/315

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du bon roi Robert ; alors les mangeurs de puddings ne recevaient de nous que de bons horions. Mais patience, nous verrons comment tout ceci finira. »

Elspeth ne jugea pas à propos de paraître entendre les expressions de mécontentement de Tibbie ; mais elle en tint compte et les grava dans son esprit ; car elle considérait Tibbie comme une autorité en matières de guerre et de politique, à cause de l’expérience qu’elle avait dû acquérir pendant son séjour au château d’Avenel en qualité de femme de chambre, expérience qui lui donnait une espèce de supériorité sur les paisibles habitants de Sainte-Marie. Elle prit la parole cependant, mais seulement pour exprimer sa surprise de ce que les chasseurs n’étaient pas encore de retour,

— S’ils ne viennent pas bientôt, dit Tibbie, ils trouveront le rôti brûlé et réduit en charbon ; et voilà le pauvre Simm qui ne peut plus tourner la broche ; le pauvre enfant fond comme un glaçon dans de l’eau chaude. Va, mon enfant, va respirer l’air quelques instants, je tournerai la broche à ta place jusqu’à ce que tu reviennes.

— Monte jusqu’au haut de la tour, dit dame Glendinning, l’air y sera plus frais que partout ailleurs, et tu nous diras si notre Halbert et le chevalier descendent dans la vallée. »

L’enfant prolongea son absence assez long-temps pour que Tibbie Tacket se lassât complètement de sa générosité, qui la retenait très-près d’un grand feu ; il revint enfin, et annonça qu’il n’avait vu personne.

Cette circonstance n’avait rien d’extraordinaire quant à ce qui regardait Halbert Glendinning, qui, supportant facilement le besoin et la fatigue, demeurait fréquemment dehors jusqu’à l’heure du couvre-feu. Mais personne ne s’était imaginé que sir Piercy Shafton fût un chasseur aussi ardent, et l’idée qu’il pouvait préférer la chasse à son dîner était tout-à-fait incompatible avec l’opinion que les Écossais s’étaient formée sur le caractère des Anglais. L’heure ordinaire du dîner était déjà bien loin, et on en était encore à former des conjectures ; les habitants de la tour prirent à la hâte quelque nourriture, et remirent le reste de leurs préparatifs jusqu’au retour des chasseurs, qui maintenant ne devait guère avoir lieu que vers le soir, car il paraissait certain que les plaisirs de la chasse les avaient entraînés beaucoup plus loin qu’ils ne l’avaient voulu.

Vers quatre heures, on vit arriver, non les chasseurs, mais le