Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/363

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mots inconnus, qui, dans les moments de douleur, ne pouvaient procurer aucune consolation réelle. Comme elle n’était pas accoutumée à la pratique de la dévotion mentale, et, à s’approcher de la Divinité par la prière, elle ne put que s’écrier dans sa détresser : « Il n’y a point de secours pour moi sur la terre, et je ne sais comment en demander au ciel ! »

Tandis qu’elle parlait ainsi dans la violence du chagrin, ses regards parcouraient la chambre, et elle aperçut à la clarté de la lune le mystérieux esprit qui veillait sur les destinées de sa maison. Il se tenait au milieu de l’appartement. La même apparition s’était plus d’une fois offerte à sa vue, et toujours la hardiesse naturelle de son esprit ou quelque particularité attachée à elle dès sa naissance la lui avait fait considérer sans trembler ; mais la Dame Blanche d’Avenel était alors plus distincte, et semblait avoir une apparence plus visible que de coutume. Marie fut troublée à son aspect ; elle aurait cependant voulu lui parler ; car d’après une tradition qui courait dans le pays, plusieurs personnes avaient impunément adressé des questions à la Dame Blanche, et en avaient reçu des réponses : mais les membres seuls de la famille d’Avenel, qui se hasardaient à parler à cet esprit, survivaient peu à un pareil entretien. D’ailleurs le fantôme, tandis que Marie Avenel se mettait sur son séant, semblait par ses gestes lui ordonner de garder le silence, et commander son attention.

La Dame Blanche frappa du pied une des planches du parquet, et d’une voix basse, mélancolique et mélodieuse, elle récita les vers suivants :

Ô jeune fille qui regrettes
Du vivant-mort le son affreux,
Et qui verras dans ces retraites
Du mort-vivant briller les yeux,
Jeune fille, prête l’oreille !
Sous mon pied est caché le Mot,
La Loi, le Sentier, la Merveille,
Pour qui sans fin ton esprit veille,
Et qu’il pourra trouver bientôt.
Si les esprits versaient des larmes,
Ce serait à moi de pleurer,
Moi qui te découvre les charmes
De ce séjour exempt d’alarmes
Où je ne puis jamais entrer.
Le sommeil, sommeil sans limites,